Pourciter cet article RĂ©fĂ©rence papier. Ălise Pavy-Guilbert, « Nicolas Valazza, Crise de plume et souverainetĂ© du pinceau Ăcrire la peinture de Diderot Ă Proust, Pierre Glaudes et Paolo Tortonese (Ăds.), Ătudes romantiques et dix-neuviĂšmistes, 35, 2013, 357 p. ISBN 978 2 8124 0863 2 », Recherches sur Diderot et sur l'EncyclopĂ©die, 48 | 2013, 309-314.
La Peinture de Paysage Il est difficile de considĂ©rer la peinture de paysage comme un genre unique. La peinture religieuse, la nature morte ou les scĂšnes de genre sont facilement reconnaissables parce quâelles portent des thĂšmes immuables. La peinture religieuse dĂ©peint des sujets religieux, la nature morte se compose de plateaux de fruits, de gibier, de fleurs etc⊠Et on appelle peinture de genre les scĂšnes de vie anecdotiques ou familiĂšres. Si lâon suit cette logique, la peinture de paysage serait, comme lâĂ©voque son titre, une reprĂ©sentation de la nature. Eh bien non! Du moins, pas directement. Il faudra attendre le XIXe siĂšcle pour quâun paysage peint soit vraiment un paysage une nature sauvage, sans hommes. Sans hommes? Oui! Car voilĂ , la peinture de paysage, indissociable de lâhomme, est le rĂ©sultat direct de notre conception de la nature Ă travers les Ă©poques. A la croisĂ©e des dĂ©couvertes scientifiques, des bouleversements sociaux, des diktats esthĂ©tiques se trouve la peinture de paysage. RĂ©vĂ©lĂ©e par les Flamands , antiquisĂ©e par les Italiens, bouleversĂ©e par les Britanniques, harmonisĂ©e par les Chinois, immortalisĂ©e par les Français⊠La peinture de paysage est un courant voyageur qui se niche peu Ă peu dans les esprits pour atteindre des sommets aux XIXe et aux XXe siĂšcles. I- Les fondations de la peinture de paysage La plupart des civilisations fondatrices sâexpliquent la crĂ©ation du monde par des manifestations divines. La nature, issue de leur crĂ©ation est vue Ă travers le spectre de la divinité⊠Les dĂ©buts de la peinture de paysage occidentale Bien quâon date la naissance de la peinture de paysage dĂšs lâantiquitĂ© Ă©gyptienne, celle-ci nây apparaĂźt quâĂ un stade embryonnaire. Chez les Ă©gyptiens, les Ă©lĂ©ments de nature sont principalement symboliques et leur reprĂ©sentation est par consĂ©quent trĂšs codifiĂ©e. La nature Ă©tant, par dĂ©finition irrĂ©guliĂšre, il Ă©tait peu probable quâelle trouve une libertĂ© propre dans cette forme de peinture. Une nuance est Ă noter pour lâEmpire Romain, empire connu pour son goĂ»t de la terre et de lâexpansion. Plusieurs fresques de villa romaines dĂ©voilent une vĂ©gĂ©tation parfois luxuriante, mais la peinture de paysage garde essentiellement une fonction dĂ©corative. Dâailleurs, Ovide et ses MĂ©tamorphoses sont une source essentielle pour comprendre la conception de la nature dĂšs lâAntiquitĂ©. La nature est considĂ©rĂ©e comme un lieu de rĂ©sidence privilĂ©giĂ© pour les dieux. Ce qui explique la fonction dĂ©corative du paysage qui est lĂ pour mettre en valeur la divinitĂ©. Le Banquet dâAchelous par Rubens et Jan Brueghel I, 1615, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtLa fonction dĂ©corative du paysage de Rubens et Brueghel rappelle clairement les textes de leurs prĂ©dĂ©cesseurs latins. La nature enchanteresse prend la forme de voĂ»tes dâarchitecture Ă lâarrondi parfait, donnant une noblesse directe aux crĂ©atures divines. Chaque Ă©lĂ©ment naturel est lâattribut ou le symbole dâun ou dâune divinitĂ©. Par exemple, les coquillages symbolisent Achelous, dieu de la RiviĂšre. Vitruve le bĂątisseur de la peinture de paysage occidentale Vitruve est le premier architecte Romain dont les textes nous soient parvenus. Son traitĂ© De Architectura », thĂ©orise lâutilisation de la nature dans les arts peinture, architecture, théùtre etc. Vitruve parle de Topia » dĂ©rivĂ© de âtopiarusâ jardinier. Topia dĂ©signe un jardin, soit un lieu naturel transformĂ© par lâhomme selon sa fantaisie. Dans son traitĂ©, il incite Ă sĂ©lectionner les Ă©lĂ©ments naturels ceux qui sont beaux et qui servent Ă la comprĂ©hension de la scĂšne. Son approche de la nature profondĂ©ment architecturĂ©e aura un impact colossal dans lâĂ©volution de la peinture de paysage en occident. Vitruve mis en Français par Ian Martin, âArchitecture ou art de bien bĂątirâ,1547, Metropolitan Museum of Art Cette illustration exprime parfaitement le point de vue de lâarchitecte latin. Les hommes prĂ©lĂšvent dans la nature les Ă©lĂ©ments qui leur serviront Ă bĂątir une structure esthĂ©tiquement parfaite et ordonnĂ©e. La Chine Ă la recherche dâune harmonie esthĂ©tique En Chine, La peinture de paysage est indissociablement liĂ©e Ă la poĂ©sie et la littĂ©rature. Ensemble, elles forment les trois disciplines du pinceau. La technique est diffĂ©rente quâen occident mais le concept est le mĂȘme prĂ©lever dans la nature le beau, et reconstruire une harmonie paysagĂšre⊠Le ShanShui est un type de peinture ancestral, maĂźtrisĂ© par les peintres lettrĂ©s qui devient dominant sous la dynastie des Yuan 1279-1368. Shan veut dire montagne et Shui eau, mis bout Ă bout ils forment le mot paysage. Le Shanshui est un art dâassemblage, câest Ă dire que les artistes vont exĂ©cuter de maniĂšre sĂ©parĂ©es les composantes de leur peinture, puis les regrouper, pour arriver Ă une harmonie idĂ©ale et ainsi former le futur ShanShui. Le ShanShui est inĂ©vitablement liĂ© Ă lâhomme puisquâil sâaccompagne dâune rĂ©flexion poĂ©tique. Câest un paysage de mĂ©ditation et de contemplation supposĂ© provoquer lâapaisement des esprits et ouvrir la voie Ă la sagesse. Lâhomme, Ă travers cette nature idĂ©ale, sâengage dans un parcours initiatique, sinueux comme la montagne. De nombreux ShanShui sont Ă©galement destinĂ©s Ă glorifier leur empereur, la montagne prend ici un symbole de soliditĂ© politique. Paysage dans le style de Zhao Boju, 1654, encre sur papier, Metropolitan Museum of ArtLa diffĂ©rence entre un ShanShui et la peinture de paysage occidentale rĂ©side dans la perspective. Le ShanShui est en fait une superposition de plans appelĂ©s lointains contrairement Ă la peinture occidentale qui, dĂšs la Renaissance, utilise la fameuse perspective linĂ©aire rĂšgle du point de fuite. Le ShanShui Ă©tant incroyablement symbolique, son point de fuite se trouverait au sommet de la montagne, point culminant de cette quĂȘte initiatique. Le Moyen-Ăge quand lâor recouvre les paysages Le Moyen-Ăąge est connu pour ses fonds dâor hĂ©ritĂ©s de la tradition byzantine. La peinture mĂ©diĂ©vale Ă©tant principalement religieuse et trĂšs codifiĂ©e, le fond dâor est associĂ© au divin. Dieu est considĂ©rĂ© comme Ă©tant Ă lâorigine de toutes choses, la nature nâa pas besoin dâĂȘtre peinte puisque Dieu est nature. On peut nĂ©anmoins soulever une volontĂ© dâĂ©volution avec certaines fresques de Giotto, primitif italien qui cherche Ă dĂ©corer ses fonds dâune maniĂšre plus terrestre et annonce ainsi les bouleversements de la Renaissance. Peintre napolitain, LâAdoration des Mages,1340/43, Tempera sur bois, Metropolitan Museum of Art Ce retable est exĂ©cutĂ© par un primitif napolitain grand admirateur de Giotto. MĂȘme si le paysage prend ici une valeur symbolique, on observe dĂ©jĂ une volontĂ© de dĂ©laisser le fond dâor au profit dâune exploration paysagĂšre. Ce tableau est trĂšs intĂ©ressant parce quâil nous montre parfaitement cette transition. II-Les Flandres ou la RĂ©vĂ©lation de la peinture de paysage La Renaissance fragmente les croyances de toutes parts. Les frontiĂšres sâĂ©cartent. On dĂ©couvre que la terre fait partie dâun systĂšme solaire. On dĂ©couvre de nouvelles terres. La conception de la nature sâen voit grandement modifiĂ©e. Câest dans les Flandres que lâon trouve ce nouvel intĂ©rĂȘt pour le paysage⊠Comment expliquer une telle avancĂ©e de la part des flamands? La rĂ©forme protestante Câest lâĂ©mergence du protestantisme dans les Flandres qui pousse au dĂ©veloppement de la peinture paysagĂšre. Calvin condamnant la peinture sainte comme de lâidolĂątrie, on privilĂ©gie dĂ©sormais une relation plus discrĂšte entre le fidĂšle et Dieu. Câest ainsi que les peintres des Flandres se mettent Ă explorer de nouvelles thĂ©matiques pour vendre leurs toiles. La peinture de paysage va dĂšs lors se rĂ©pandre et atteindre un grand succĂšs. La rĂ©forme humaniste la pĂ©riode du XVe siĂšcle tire son inspiration dâĂrasme et se veut propice aux rĂ©flexions sur la nature humaine. Câest lĂ toute la force de la Renaissance qui admet son ignorance et va chercher de nouvelles explications, plus scientifiques Ă ses croyances. Tous ces questionnements vont faciliter lâutilisation du paysage comme allĂ©gories des rĂ©flexions humaines. Avec les grandes expĂ©ditions menĂ©es Ă cette Ă©poque, la soif de terres inexplorĂ©es lance un nouvel intĂ©rĂȘt pour la nature et les paysages. Les horizons sont plus vastes, les esprits aussi et cela se ressent sur les toiles. Câest Ă©galement Ă cette mĂȘme pĂ©riode que lâon dĂ©couvre des lois mathĂ©matiques qui vont rĂ©volutionner la proportion dans la peinture. Mises en application, ces rĂšgles peuvent aussi expliquer une plus grande facilitĂ© dans lâart de peindre la nature. Albrecht Durer, Erasme de Rotterdam,1526, Gravure, Petit Palais, MusĂ©e des Beaux Arts de la Ville de Paris Joachim Patinier, Saint-JĂ©rĂŽme PĂ©nitent,1512/15,huile sur bois, Metropolitan Museum of Art. MĂȘme si les sujets religieux restent les acteurs principaux de ce triptyque, la place accordĂ©e au paysage est impressionnante. Bien Ă©videmment, câest un paysage imaginĂ© de toutes piĂšces. Câest dâailleurs Patinier qui poussera Ă la popularisation dudit Paysage-monde » câest Ă dire une immensitĂ© naturelle dans laquelle se dĂ©roule une scĂšne religieuse rendue anecdotique par sa taille. Câest aussi au mĂȘme moment dernier tiers du XVe siĂšcle que se rĂ©pand la production de globes terrestres, cette curiositĂ© sur le monde et sur le lointain pourrait expliquer de la part des flamands cette volontĂ© dâenglober » le plus de paysage possible. Le mystĂšre du peintre des petits paysages Peintre et graveur non identifiĂ© Ă ce jour, Il est connu pour ses gravures de paysages en tous genres. Autrefois identifiĂ© comme Brueghel car, imprimĂ© par le grand JĂ©rĂŽme Cock, il reste Ă ce jour lâinconnu parmi les peintres mais le maitre parmi les paysages. MaĂźtre des petits Paysages, Vue de Village,1550/60, plume et encre brune LâĂąge dâor nĂ©erlandais du XVIIe siĂšcle Au dix-septiĂšme siĂšcle, les Provinces Unies, libĂ©rĂ©es du joug espagnol vont traverser une envolĂ©e tant sur le plan Ă©conomique et social que politique et artistique. leur activitĂ© commerciale qui avait dĂ©jĂ fait leur rĂ©putation va prendre un nouvel essor et de nouvelles classes sociales vont sâimposer. Une bourgeoisie et une riche paysannerie sont Ă lâorigine dit-on du marchĂ© de lâart moderne qui fera fleurir lâactivitĂ© des peintres. Mais surtout, ces nouveaux commanditaires auront des centres dâintĂ©rĂȘts directement liĂ©s Ă leur rĂ©ussite sociale ce qui fera triompher les peintures de genre et de paysage sur les peintures dâHistoire jusquâalors indĂ©trĂŽnables. restons cependant modĂ©rĂ©s quant Ă notre propos, car la peinture dâHistoire conservera une place majoritaire! La demande va ĂȘtre telle, que les peintres constitueront des stocks » de peintures classĂ©es par genre pour satisfaire ces nouveaux clients. Il serait cependant trompeur de penser que ces paysages Ă©taient effectuĂ©s sur le motif en pleine nature, les artistes flamands les constituaient en atelier selon leur fantaisie. Jacob Van Ruisdael, Paysage avec un Village Lointain, huile sur bois, 1646, Metropolitan Museum of ArtVan Ruisdael immense paysagiste hollandais peint ce paysage Ă dix-huit ans. Ses paysages faisant preuve dâune grande sensibilitĂ© serviront souvent dâexemple aux romantiques. En tĂ©moigne cette remarque dâEugĂšne FromentinâDe tous les peintres hollandais, RuysdaĂ«l est celui qui ressemble le plus noblement Ă son pays. Il en a lâampleur, la tristesse, la placiditĂ© un peu morne, le charme monotone et tranquille.â La cartographie Le XVIIe siĂšcle pour les Flandres, câest aussi lâĂąge dâor de la cartographie. Ce nâest pas anodin si Vermeer peint âLe GĂ©ographeâ ou âlâOfficier et la Jeune Filleâ. Une profusion de mappemondes, de globes et dâatlas se rĂ©pandent, facilitĂ©s par lâimprimerie. Cartographier implique lâobservation de territoires pour se repĂ©rer de maniĂšre prĂ©cise dans ce monde aux frontiĂšres encore floues. Hors, lâobservation des territoires sous-entend lâobservation de la nature Ă©tude topographique. La cartographie a donc jouĂ© un rĂŽle dans lâintĂ©rĂȘt pour les paysages. Johannes Vermeer, La femme au Luth,1662/63, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art La carte de lâEurope Ă lâarriĂšre plan couplĂ©e au regard de la jeune femme par la fenĂȘtre pourrait sous-entendre quâon sâintĂ©resse dĂ©sormais Ă ce quâil se passe au dehors. Carte du Monde, Jan de Visscher dâaprĂšs Nicolaes Pietersz Berchem, 1670/80, Rijksmuseum III- LâItalie des ruines Ă la reconstruction Câest en Italie, prĂ©cisĂ©ment avec Antoine Carrache, quâon dĂ©finit la peinture de paysage comme genre Ă part entiĂšre au XVIe siĂšcle. Les FrĂšres Carrache vont notamment sâappuyer sur le principe dĂ©fendu par Vitruve qui prĂ©conisait de corriger par la peinture les petits dĂ©fauts de la nature . Câest ainsi que se dĂ©veloppa une rĂ©elle esthĂ©tique paysagĂšre, thĂšme si cher aux italiens dans leur inlassable quĂȘte du beau . Le Paysage IdĂ©al Des enseignements de Vitruve dĂ©coule le fameux paysage idĂ©al ». un paysage embelli selon les codes esthĂ©tiques du XVIe siĂšcle. Un exemple frappant pourrait ĂȘtre la popularitĂ© du thĂšme de lâArcadie. LâArcadie est une terre lĂ©gendaire de la GrĂšce antique, cĂ©lĂ©brĂ©e dĂšs la Renaissance pour lâharmonie de ses paysages et le bon vivre de ses bergers. Ce thĂšme sera si populaire quâune AcadĂ©mie de lâArcadie se crĂ©era Ă Rome en 1690. Rappelons nous que Topia Ă©tait utilisĂ© par Vitruve pour dĂ©signer un lieu aux proportions idĂ©ales et harmonieuses. En 1516, câest lâhumaniste Thomas More qui invente le mot Utopia » sorte de paradis imaginaire rĂ©vĂ©lateur de cette nouvelle attirance pour la terre idĂ©ale. Il y avait donc un lien Ă©troit entre le pays et le paysage milieu naturel. Paysage arcadien, 1700, Alessandro Magnasco, huile sur toile, Art Institute of Chicago Une parenthĂšse française en pleine Italie Câest cependant le français Nicolas Poussin qui a tout de mĂȘme passĂ© la majeure partie de sa vie Ă Rome qui reste connu pour ses Bergers dâArcadie ». Lui et le peintre Claude Lorrain ont largement contribuĂ© Ă dĂ©velopper lâart du paysage. En effet, particuliĂšrement Ă cette Ă©poque du XVII e siĂšcle qui a vu la montĂ©e dâun acadĂ©misme puissant, la hiĂ©rarchie des peintures Ă©taient plus que jamais en vigueur. Au sommet la peinture dâhistoire et ses scĂšnes bibliques et mythologiques. JusquâĂ prĂ©sent, le paysage Ă©tait un support, un agrĂ©ment qui valorisait la peinture dâhistoire. Poussin et Lorrain ont donc fait preuve dâune grande ingĂ©niositĂ©. MĂȘme si le titre du tableau continue dâĂ©voquer des thĂšmes nobles », on assiste Ă une vĂ©ritable inversion. Câest le thĂšme mythologique qui sert dĂ©sormais de prĂ©texte Ă lâexploration paysagĂšre. Poussin et Lorrain sont un bon exemple dâartistes qui voyagent. DĂ©jĂ instiguĂ© pendant la Renaissance, les voyages et lâintĂ©rĂȘt pour la culture Ă©trangĂšre vont se dĂ©velopper. LâItalie sera une fois de plus mise en lumiĂšre. Entre ruines romaines et urbanisation, de nouveaux sous-genres attenants Ă la peinture de paysage vont se dĂ©velopper. Nicolas Poussin, Orion aveugle cherchant le Soleil, 1658, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Ici Poussin sâamuse mĂȘme Ă confondre Diane avec les nuages. Qui est le plus mis en valeur? Diane ou les nuages? Le goĂ»t de Poussin pour les paysages se reflĂštera Ă©normĂ©ment dans ses derniĂšres peintures Les Quatres Saisons. Claude Lorrain, La Campagne Romaine, 1639, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Les Vedute Puisque les analogies entre les Flandres et lâItalie sont indispensables lorsquâon parle de peinture de paysage, permettons nous une lĂ©gĂšre Ă©vocation des Flandres. Vermeer dĂ©voile sa Vue de Delft » en 1661. Le plus beau tableau du monde » selon Proust nâest autre quâun magnifique exemple de veduta. Pour ce faire, Vermeer aurait possiblement utilisĂ© une camera obscura », un instrument optique qui reçoit la lumiĂšre Ă©mise par des objets pour reformer ces objets en position inversĂ©e. On plaçait dedans une lentille convexe pour rĂ©tablir le sens des objets. Lâutilisation de la camera obscura sera largement reprise par le peintre vĂ©nitien Canaletto au XVIIIe siĂšcle. Les XVIIe et XVIIIe siĂšcles sont marquĂ©s par des voyages aristocratiques dâĂ©ducation et de dĂ©couverte intitulĂ©s Grand Tour». Les destinations Ă©taient majoritairement La France, les Pays-Bas, lâAllemagne, la Suisse et Ă©videmment lâItalie. Câest ainsi que les voyageurs dĂ©couvrent les ruines qui parcourent les paysages italiens. Cette pĂ©riode considĂ©rĂ©e comme le point de dĂ©part de lâhistoire du tourisme aura un effet majeur sur la promotion des vedute et de la peinture de paysage en gĂ©nĂ©ral. De nombreux aristocrates vont vouloir rapporter des souvenirs » de leur voyage. Câest lĂ toute la modernitĂ© de ces vedute car, cette-fois-ci, câest le paysage lui-mĂȘme auquel on sâintĂ©resse. Le peintre Canaletto et les autres vĂ©dutistes feront fortune en commercialisant leurs vues de Venise. Canaletto, Le Grand Canal de Venise, 1730, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Exemple dâune projection de Camera Obscura Abelardo Morell, Vue de Brooklyn dans la chambre de Brady, 1992 Dessin de Camera Obscura, EncyclopĂ©die, 1762/77, Deferht Des paysages en ruines Capricci ou vedute ideate ! Le triomphe des peintures architecturales SacrĂ©s coteaux, et vous saintes ruines,Qui le seul nom de Rome retenez,Vieux monuments, qui encor soutenez Lâhonneur poudreux de tant dâĂąmes divines, » Joachim Du Bellay, Les AntiquitĂ©s de Rome, 1558 Nouvelle exploration du paysage idĂ©al, le capriccio est la reprĂ©sentation dâun paysage imaginaire. FrancisĂ© en caprice » il sâoppose Ă la reprĂ©sentation fidĂšle du vedute et est tout droit issu de la fantaisie du peintre. Depuis la Renaissance, on observe une grande redĂ©couverte des ruines romaines . Ce qui va dĂ©clencher une vĂ©ritable fascination esthĂ©tique et jeter les bases de la future architecture classique. De cet attrait pour les vestiges va Ă©merger une peinture architecturale. Les sujets mythologiques Ă©tant toujours au sommet de la pyramide infernale des peintures, câest une belle astuce consciente ou inconsciente que dâantiquiser » le paysage pour le rendre plus noble. Francesco Guardi, Paysage Fantastique,1765, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Francesco Guardi, Vestiges de Colonnades, 1780/90, stylo et encre brune, Metropolitan Museum of Art IV- LâAngleterre une percĂ©e essentielle dans la peinture de paysage La fin du XVIIIĂšme et le XIXe siĂšcle se fondent sur une sĂ©rie dâexpĂ©rimentations et de bouleversements rapides. Ils seront traversĂ©s par de nombreux mouvements aussi bien littĂ©raires que politiques, artistiques que scientifiques est le premier pays europĂ©en Ă avoir enclenchĂ© sa rĂ©volution industrielle. Peut-ĂȘtre sa relative stabilitĂ© politique lui a-t-elle permis de prendre une telle avance ! LâexpĂ©rimentation qui frappe ce siĂšcle dans tous les domaines entraĂźne une exploration fondamentale dans la peinture. LâAquarelle ou âlâEau des Peintresâ Jusquâici, lâAngleterre nâavait pour ainsi dire pas vraiment pris part Ă notre Ă©popĂ©e de la peinture de paysage. En bonne observatrice, elle sâimprĂ©gna des peintures italiennes et françaises Grand Tour mais Ă©galement et surtout flamandes. Monarchie dĂ©sormais constitutionnelle, Les rois et reines britanniques commissionnent de nombreux grands peintres Flamands et Germaniques dâeffectuer leur portrait ce qui aura pour rĂŽle de diffuser les Ćuvres de ces mĂȘmes peintres. Hors, nous avons vu que la peinture de paysage sâĂ©tait dĂ©jĂ lovĂ©e quelques siĂšcles plus tĂŽt dans le cĆur des flamands. Nâoublions pas que, lâAngleterre nâest plus catholique depuis 1534. Tout comme les flamands, les anglais ont dĂ©veloppĂ© de nouveaux thĂšmes de peinture, plus en adĂ©quation avec leurs croyances. Durer rĂ©alisait des aquarelles de paysages, et lâAngleterre nâest-elle pas considĂ©rĂ©e comme lâinventeur de lâaquarelle moderne » ? la diffusion de la peinture Ă lâaquarelle jouera un rĂŽle considĂ©rable dans lâhistoire de la peinture. Sans elle, lâAngleterre nâaurait peut-ĂȘtre pas eu son monstre sacré⊠William Turner La virtuositĂ© de Turner en a fait un gĂ©nie de la peinture. InspirĂ© par Claude Lorrain et Nicolas Poussin, Turner rejoint parfaitement notre propos car câest un artiste qui voyage. Plus que ça, câest un grand paysagiste. Il travaillera dĂšs lâĂąge de quatorze ans pour lâarchitecte Thomas Hardwick et effectuera de nombreux dessins et croquis de paysage ce qui lui donnera le goĂ»t de poursuivre dans cette voix. Bien que la biographie de Turner soit lacunaire, on le dĂ©finit comme un grand randonneur qui partait muni de son carnet de croquis et trouvait dans la nature toute son inspiration. Cette attitude dâartiste solitaire se reflĂšte dans un grand courant artistique de la mĂȘme Ă©poque le Romantisme. Avant toutes choses, il est important de clarifier notre emploi de tous ces termes gĂ©nĂ©raux qui sont apparus de plus en plus nombreux au XIXe siĂšcle Romantisme, RĂ©alisme, Naturalisme etc. Tous ces termes nous serviront de facilitĂ© dâexplications mais ne doivent en aucun cas enfermer un artiste ni lui retirer sa singularitĂ©. Le Romantisme donc, apparaĂźt initialement en Angleterre et en Allemagne en rĂ©action aux normes strictes et mesurĂ©es du classicisme. Ce mouvement va se diffuser rapidement et aura un succĂšs considĂ©rable dans toute lâEurope et mĂȘme en AmĂ©rique du Sud. Les livres vont dĂ©sormais sâemplir de personnages contradictoires aux passions dĂ©chaĂźnĂ©es. Ces personnages souvent solitaires et incompris trouveront justement leur comprĂ©hension dans la nature qui, par ses forces cycliques et ses accĂšs changeants reprĂ©sente directement les sentiments Ă©prouvĂ©s par les romantiques. Le romantisme allume donc un projecteur sur lâimmensitĂ© naturelle, mais la peinture de paysage reste inĂ©vitablement attachĂ©e Ă la condition humaine. Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Friedrich en est presque un exemple mĂ©tonymique. En effet, câest le voyageur qui contemple la nature et pas autrement. Si le titre avait Ă©tĂ© La mer de nuages au voyageur » la peinture de paysage aurait pris une tournure diffĂ©rente, mais le Romantisme ne peut se dĂ©tacher de la condition humaine qui est au cĆur de ses prĂ©occupations. Pour revenir Ă Turner, on le dĂ©crit souvent comme un romantique en raison de lâextrĂȘme sensibilitĂ© de ses peintures et ses couleurs poĂ©tiques et dĂ©chaĂźnĂ©es. Turner est le premier Ă mĂ©langer aquarelle et peinture Ă lâhuile donnant un rendu embuĂ©, floutĂ© quâon interprĂšte souvent comme annonciateur de lâimpressionnisme. Turner, Saltash, 1811, huile sur toile Metropolitan Museum of Art Turner, Soir de dĂ©luge, 1843, huile sur toile, Washington National Gallery of ArtIl est intĂ©ressant ici dâobserver la libertĂ© progressive que prend Turner qui se dĂ©tache des formes rĂ©alistes inspirĂ©es par Lorrain et Poussin pour arriver Ă ce triomphe de substances et de textures qui lui est si particulier. LâexpĂ©rimentation qui frappe le XIXe siĂšcle se ressent jusque dans les palettes. Câest dâailleurs assez rĂ©vĂ©lateur de lâopposition scientifique qui traversait lâEurope au XIX e siĂšcle. Entre la science du tangible et du matĂ©riel et la science sâintĂ©ressant aux formes immatĂ©rielles et abstraites. Turner sâapparentant de plus en plus Ă lâabstrait en fin de carriĂšre, câest incontestablement Constable qui, en parallĂšle, sâaffiche comme le maĂźtre du paysage rĂ©aliste. John Constable ProfondĂ©ment inspirĂ© par son prĂ©dĂ©cesseur paysagiste Thomas Gainsborough, Constable rĂ©ussit Ă hisser la peinture de paysage Ă une noblesse encore jamais atteinte. Il sera trĂšs influent notamment en France Delacroix lâadmirera beaucoup. Constable est aussi reprĂ©sentatif dâune gĂ©nĂ©ration de la rĂ©volution industrielle qui voit ses paysages changer rapidement et sâurbaniser, et qui trouve dans la nature un refuge Ă ce vacarme industriel. Constable rĂ©alise de nombreuses esquisses en pleine nature avant de peindre. Câest un peintre qui prĂŽne la beautĂ© pure du paysage câest Ă dire Ă son Ă©tat originel. Cette conception aura un impact consĂ©quent sur la peinture de paysage. Nous sommes dĂ©sormais loin des paysages idĂ©alisĂ©s de Vitruve et Pline lâAncien, la beautĂ© se trouve directement sous nâimporte quelle haie et dans nâimporte quelle prairie ». Thomas Gainsborough, Paysage de Montagne, annĂ©es 1780, craie noire et blanche estompĂ©es sur papier bleu-gris John Constable, 1825, la CathĂ©drale de Salisbury, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art ParenthĂšse amĂ©ricaine Dans la jeune nation amĂ©ricaine se forme le dĂ©sir se se dĂ©tacher des conventions picturales europĂ©ennes et de crĂ©er un style Ă part entiĂšre. Dans un pays aussi vaste aux terres encore en friche, les paysages sâaffirment comme sujet de prĂ©dilection. Thomas Cole, Le MĂ©andre, 1836, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtOn voit bien ici les Ă©lĂ©ments qui prĂ©figurent la pensĂ©e nord-amĂ©ricaine. Un immense paysage encore en friche mĂȘlĂ© Ă la douceur dâun ciel presque divin offrant Ă la scĂšne une lumiĂšre dorĂ©e. Aller Ă la conquĂȘte de terres inconnues sous lâĂ©gide directe du Ciel Dieu. Les guerres qui marquent le XIXe siĂšcle interrompent le phĂ©nomĂšne du Grand Tour » ce qui poussera les anglais Ă voyager directement dans leurs campagnes . Câest ainsi que nous sont parvenues les plus belles toiles de paysages anglais, Ă©cossais et nord irlandais. LâAngleterre peut enfin se vanter dâavoir eu son heure de gloire. InspirĂ©e par la progression anglaise, la France la suivra de peu, sa rĂ©volution industrielle se dĂ©clare quelques temps aprĂšs, sa rĂ©volution picturale aussi⊠V-La France et son autre rĂ©volution » La France depuis le XVIIIe s et encore plus au dĂ©but du XIX siĂšcle est frappĂ©e par un acadĂ©misme indĂ©trĂŽnable. Des peintres illustres comme Jacques Louis- David ou Thomas Couture forment aux Beaux Arts les futures gĂ©nĂ©rations de peintres. La peinture française Ă cette Ă©poque se dĂ©finit par ses rĂšgles. Câest lâapothĂ©ose de la peinture dâhistoire, de peintures militaires glorificatrices, de portraits de grandes figures de la noblesse. Le paysage est complĂštement laissĂ© Ă lâabandon. Jacques Louis David, La Mort de Socrate, 1787, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art LâEcole de Barbizon Les dĂ©tachĂ©s de lâAcadĂ©mie » A lâĂ©poque oĂč le Salon Officiel dĂ©cide du verdict de chaque peinture, la cĂŽte du paysage est trĂšs basse. Certes, en 1816, le prix du paysage historique » fut ajoutĂ© par lâAcadĂ©mie Française au prix de Rome, mais le paysage sâinscrivait encore dans une vision architecturĂ©e ou idĂ©alisĂ©e. ThĂ©odore Rousseau 1812-1867, rĂ©alise de nombreuses esquisses en pleine nature et propose des paysages rĂ©alistes en opposition complĂšte avec les paysages acadĂ©miques » jusquâalors tolĂ©rĂ©s. Cela lui vaudra de nombreux rejets du Salon. Pourtant, plusieurs facteurs vont finir par projeter le paysage au devant de la scĂšne. En 1824, le Salon de Paris expose de nombreuses toiles de maĂźtres paysagistes anglais notamment John Constable. Ce Salon peut avoir apportĂ© un dĂ©but dâouverture dâesprit quant Ă la beautĂ© et lâapprĂ©ciation des espaces naturels. De plus, depuis le XIXe siĂšcle, la course Ă lâindustrialisation est lancĂ©e dans toute lâEurope. Les productions massives des usines enfument les villes. Plusieurs artistes dont ThĂ©odore Rousseau voudront fuir ce brouhaha industriel . Ils trouveront justement leur refuge dans la forĂȘt de Fontainebleau ou le paisible petit village de Barbizon. Dâautant que le dĂ©veloppement des lignes de chemins de fer permettait Ă de plus en plus dâartistes de venir facilement sây ressourcer. LâĂcole de Barbizon nâest pas Ă proprement parler une Ă©cole. Câest dâabord une communautĂ© dâartistes qui sâest retrouvĂ©e tout au long du XIXe siĂšcle Ă partager des valeurs communes et qui ont fait avancer les codes instaurĂ©s par lâacadĂ©mie. Ils se retrouvaient Ă lâAuberge de Ganne pour refaire le monde de la peinture et partager leurs dĂ©couvertes et leur enthousiasme. Lâauberge de Ganne est aujourdâhui un musĂ©e absolument dĂ©diĂ© aux peintres de Barbizon. Le terme fut ensuite Ă©largi Ă tous les artistes qui ont trouvĂ© en la forĂȘt de Fontainebleau un sujet dâinspiration. Lâinvention et la mise en service du tube de gouache en 1841 va Ă©galement faciliter la peinture en plein air en la rendant tout simplement possible et permettra une crĂ©ativitĂ© nouvelle que sauront capter les impressionnistes. Peut-ĂȘtre fallait-il lâindustrialisation pour redĂ©couvrir la nature ? Le courant des peintres de Barbizon pave la voie aux futurs impressionnistes. Câest une vĂ©ritable fracture qui se crĂ©e dans la peinture acadĂ©mique française et qui apporte aux peintres une plus grande libertĂ© dans le choix de leurs thĂšmes. ThĂ©odore Rousseau, Lâ OrĂ©e du Bois Ă Monts-Girard,1852/54, huile sur bois, Metropolitan Museum of Art Quelques artistes incontournables de âlâEcole de Barbizonâ Jean François Millet, Meules de foin, Automne 1874, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Millet, qui mettra toute son ardeur dans la peinture paysanneest tenu comme exemple de nombreux peintres. Câest le peintre prĂ©fĂ©rĂ© de Van Gogh. Camille Corot, Le Batelier,1865, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtLe Batelier de Corot a la poĂ©sie venteuse de sa fin de carriĂšre. Corot sâest formĂ© auprĂšs de Valenciennes, peintre de paysages nĂ©oclassiques. Il inspira considĂ©rablement les impressionnistes. Lâimpressionnisme enfin ! Une bouffĂ©e dâair frais dans la peinture de paysage Monet, Degas, Sisley, Renoir, CĂ©zanne, ces noms sacrĂ©s qui rĂ©sonnent encore aujourdâhui comme des maĂźtres incontestĂ©s de la peinture. Pourquoi lâimpressionnisme est-il devenu le mouvement pictural le plus cĂ©lĂšbre ? AnimĂ©s par le mĂȘme dĂ©sir de rupture, ces artistes ont su tirer profit de leur statut de marginaux. Le Salon des RefusĂ©s autorisĂ© en 1863 par lâempereur NapolĂ©on III permet justement Ă des artistes comme Manet ou Pissarro de faire voir leurs Ćuvres rejetĂ©es par le Salon de lâAcadĂ©mie des Beaux-Arts. Soutenus par le marchand dâart visionnaire Durand Ruel et le photographe Nadar, ils sauront se crĂ©er une place incontestable dĂšs les annĂ©es 1880. Lâapparition de la photographie a dâailleurs eu un impact considĂ©rable dans lâhistoire de la peinture. Sa popularisation arrive en mĂȘme temps que lâimpressionnisme et libĂšre les peintres et leur toiles de cette prĂ©occupation coupable quâĂ©tait la recherche de rĂ©alisme. La photographie remplissant parfaitement cet office, la peinture peut dĂšs lors sâadonner Ă de nouvelles explorations que ne peut pas faire la photographie. Lâimpressionnisme brise les contours trop finis » du nĂ©oclassicisme et du rĂ©alisme. A lâheure oĂč la science dĂ©couvre que le monde est en rĂ©alitĂ© composĂ© dâune infinitĂ© de petites particules en vibration, les impressionnistes introduisent une nouvelle sensibilitĂ© dans leurs toiles. Câest une peinture de lâinstant, aussi fugace soit-il. Il ne sâagit plus de peindre la rĂ©alitĂ© telle que nos yeux la voient, non, la science venait de prouver la capacitĂ© limitĂ©e de notre acuitĂ© visuelle. Il sâagit dâarriver Ă une harmonie de composition qui donne une impression. Impression, ce terme qui se voulait dĂ©prĂ©ciateur de la part du critique Louis Leroy a en rĂ©alitĂ© marquĂ© Ă tout jamais le monde de la peinture. Lâimpressionnisme vient chercher ce qui se cache derriĂšre le rĂ©el. Renoir lâexprime parfaitement dans cette phrase restĂ©e cĂ©lĂšbre Un matin, lâun de nous manquant de noir se servit de bleu lâimpressionnisme Ă©tait nĂ© ». Lâimpressionnisme est donc Ă la fois une esthĂ©tique distincte et un mouvement. En quoi est-ce fondamental pour la peinture de paysage ? Parce quâen plus de rĂ©volutionner la maniĂšre de peindre, les peintres impressionnistes vont bousculer dâautres codes. Ils rĂ©aliseront dâimmenses tableaux de paysage sur des formats dâordinaire rĂ©alisĂ©s pour des genres plus nobles ». Câest ainsi que le paysage gagnera ses lettres de noblesse. Pierre Auguste Renoir, Jeune Fille au Bain, 1892, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtRenoir est un maĂźtre incontestĂ© de la lumiĂšre. Ses paysages et ses figures ont la brillance pĂąle de la nature sâadapte ici au mouvement des cheveux de la jeune fille et nous donne une grande impression de fraĂźcheur. Les impressionnistes procĂ©dant par âtouchesâ, câest sĂ»rement avec Renoir quâon peut parler de grain de peauâ. Ici, plus de combat entre la nature et le sujet, les deux se complĂštent pour former lâImpression. Camille Pissarro, Peupliers, Eragny, 1895, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtCamille Pissarro a la minutie dâune dentelliĂšre. Pourquoi y a t- il autant de lumiĂšre dans les tableaux impressionnistes ? Câest quâils maĂźtrisent les ombres Ă la perfection. Leurs touches sont aussi folles et harmonieuses que la nature. Les impressionnistes observent les paysages avec un Ćil nouveau, un Ćil libre. Nous nous arrĂȘterons aux impressionnistes parce que câest Ă ce moment prĂ©cis que la peinture de paysage a pleinement Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e et a atteint le sommet des genres. Ăvidemment, le XXe siĂšcle, siĂšcle dâaccentuation est fascinant dans le domaine du paysage. Quant au XXIe siĂšcle, siĂšcle de dĂ©clinaisons et dâimpertinences, le paysage reste toujours un thĂšme de prĂ©dilection. Cependant, ces deux siĂšcles mĂ©riteraient un article complet et une approche diffĂ©rente. Conclusion Celui qui veut relater lâhistoire de la peinture de paysage devra comprendre la logique qui se cache derriĂšre. Un genre qui serpente entre les rĂšgles, les interdictions et les prĂ©ceptes des acadĂ©mies. Patience, voilĂ le fin mot qui conclue lâhistoire du paysage. BeautĂ© de lâombre, la nature sâimmisce peu Ă peu dans les toiles, instiguĂ©e par les peintres qui ne peuvent renier son potentiel esthĂ©tique. Si lâhistoire de la peinture de paysage est aussi riche, câest quâelle est indissociable des premiĂšres prĂ©occupations humaines lâhomme est insĂ©parable de son environnement. Au fur et Ă mesure des comprĂ©hensions, la nature des peintres change de style, devient plus folle. Ce nâest quâau XIXe siĂšcle quâon reconnaĂźt officiellement sa toute puissance dans la peinture. Officieusement, et si lâon sâintĂ©resse aux peintres en profondeur, on ressent souvent que la nature les attire, les appelle. Nâoublions pas que jusquâĂ trĂšs tard, les commanditaires rĂ©clamaient des peintures dâHistoire ou des portraits. Nos peintres, sâils voulaient survivre nâavaient donc souvent guĂšre le choix. Mais, certaines toiles ne trompent pas. Câest le cas de cet inclassable⊠El Greco, Vue de TolĂšde,1597-1599, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtParfois considĂ©rĂ© comme un expressionniste avant lâheure, El Greco donne Ă ce chef dâĆuvre le mĂȘme regard orageux quâont ordinairement ses figures. Le paysage semble torturĂ©. TolĂšde se tord sous un ciel bleutĂ©, Ă©lectrique. Cette Ćuvre reste inclassable tant dans son temps que dans son genre. Bibliographie Paysages Entre Nature et Histoire Pierre Wat, PĂ©rĂ©grinations LâArt des Paysages Nils Buttner, Citadelles et Mazenod Fables du Paysage Flamand, Alain TapiĂ©, Michel Weemans, Somogy Editions dâArt DĂ©couvrez une sĂ©lection dâobjets en lien avec lâarticle
Hammershoi peintre de l'intĂ©rieur Aussi fascinant qu'Ă©nigmatique, le "Vermeer danois" (1864-1916) se dĂ©voile au musĂ©e Jacquemart-AndrĂ©, Ă Paris. Please verify you are a human Access to this page has been denied because we believe you are using automation tools to browse the website. This may happen as a result of the following Javascript is disabled or blocked by an extension ad blockers for example Your browser does not support cookies Please make sure that Javascript and cookies are enabled on your browser and that you are not blocking them from loading. Reference ID 960b0a17-2769-11ed-bcbf-73686f6f4a43Laville de Delft a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans lâĆuvre de Pieter de Hooch. Selon une nouvelle Ă©tude placĂ©e sous lâĂ©gide du MusĂ©e Prinsenhof de Delft, le climat artistique de la ville, oĂč le peintre sâinstalle en 1652, a eu une influence dĂ©terminante sur le dĂ©veloppement de ses peintures, aussi singuliĂšres que novatrices.
Câest une exposition Ă©vĂ©nement qui commence demain au Louvre le sphinx de Delft » Johannes Vermeer, sâexpose accompagnĂ© de ses acolytes, les maĂźtres de la peinture de genre et qui ont vĂ©cu pendant le siĂšcle dâor hollandais. Ces peintures sont exceptionnelles par leur qualitĂ© et figurent parmi les chefs dâĆuvre de lâart en Europe exposition compte entre autres, douze Ćuvres emblĂ©matiques du maĂźtre parmi les trente-six connues et cherche Ă dĂ©mythifier l'aura d'un gĂ©nie qu'on imagine seul et reclus face Ă ses peintures. C'est au contraire l'image dâun Vermeer qui travaille en rĂ©seau et se laisse influencer par ses pairs qui est peintures de scĂšnes de genre connaissent leur Ăąge dâor entre 1650 et 1680. Une foison de tableaux illustre ces activitĂ©s quotidiennes qui sont sublimĂ©es sous les pinceaux de ces peintres contemporains de Vermeer tels que GĂ©rard Dou, Frans van Mieris, Gerard Ter Borch ou encore Pieter de Hooch. Ces artistes connaissaient les Ćuvres des uns et des autres tout en sâinspirant mutuellement. La rivalitĂ© artistique est mĂȘme assez explicite dans cette recherche esthĂ©tique de la lumiĂšre, de concentration des est prĂ©sentĂ©e sous un angle original celui de mettre en parallĂšle plusieurs scĂšnes de genre de ces artistes comme les lettres amoureuses, les cours de musique, les silhouettes, les enfilades et dâautres scĂšnes dâintĂ©rieur. Elle dĂ©montre Ă©galement que le raffinement et lâĂ©lĂ©gance des scĂšnes ne sont pas Ă la seule initiative de Vermeer mais quâil a su les magnifier et les mĂ©tamorphoser en y enlevant des Ă©lĂ©ments, en les Ă©purant et en y mettant le sceau si particulier de sa lumiĂšre nimbant ses sujets dâune aura bien cette Ă©mulation et cette virtuositĂ© technique qui est mise en avant avec au centre les Ćuvres magnifiques de Vermeer, qui a su si bien et plus que les autres, envelopper ces sujets dâun mystĂšre unique devant lequel on ne peut que sâ 22 FĂ©vrier au 22 Mai 2017 La laitiĂšre 1658-1659, huile sur toile , 45 cm sur 41 cm, Rijksmuseum, Amsterdam La cuisiniĂšre hollandaise 1640-1650, huile sur toile, 36 sur 27,4 cm, Louvre, Paris Le gĂ©ographe, 1669, huile sur toile, 51,6 sur 41,4 cm, StĂ€del Museum , FrancfortConcernantles pinceaux, jâai dĂ©jĂ Ă©crit un article complet sur le sujet. Je vous laisse le dĂ©couvrir en cliquant ici. Trois points essentiels : ne les laissez pas tremper dans votre solvant pendant toute votre sĂ©ance de peinture, nettoyez les soigneusement en fin de sĂ©ance, rangez-les sans appuyer sur les poils.
Dans la rĂ©gion de Liyue, il existe un lieu magnifique avec de nombreux bassins aux eaux turquoise. Ce lieu câest le lac Luhua et il renferme un gros trĂ©sor. Un personnage GĂ©o est nĂ©cessaire pour rĂ©cupĂ©rer le butin final. Par oĂÂč commencer ? Parlez tout dâabord Ă Vermeer, un peindre itinĂ©rant. En cherchant le meilleur point de vue, il a perdu une partie de son matĂ©riel. Retrouvez les pinceaux et la peinture de Vermeer ! A lâaide des 2 peintures en couleur fournies par Vermeer, vous devez retrouver les lieux dâoĂÂč il a peint et ainsi retrouver sur place son matĂ©riel. Ă Retournez ensuite rendre ce que vous avez trouvĂ© Ă Vermeer. Trouvez une autre pierre particuliĂšre ! Vermeer vous a donnĂ© une pierre en rĂ©compense qui semble ĂÂȘtre un Ă âil pour lâune des statues. Cherchez dans les bassin dâeau devant les statues le 2e Ă âil. Percez le secret du lac Luhua Grimpez sur les Ă©paules de chaque statue afin dâinsĂ©rer la pierre dans leur tĂÂȘte. Le trĂ©sor est proche ! Lâactivation des 2 pierres libĂšre un totem GĂ©o entre les deux statues. Activez le pour dĂ©clencher un dĂ©fi durant lequel vous devrez vaincre 3 mages un Pyro, un Cryo et un Hydro en 90 secondes. Une fois terminĂ©, la grille se lĂšve et vous pouvez rĂ©cupĂ©rer les trĂ©sors. Attention aux araignĂ©es qui vous attaquent Bonus Si vous avez vaincu Stormterror, retournez voir Vermeer qui est sur lâun des points de vue voir image ci-dessous pour obtenir un succĂšs ! PqHA. 91 249 81 1 129 252 435 7 129