Pourciter cet article RĂ©fĂ©rence papier. Élise Pavy-Guilbert, « Nicolas Valazza, Crise de plume et souverainetĂ© du pinceau Écrire la peinture de Diderot Ă  Proust, Pierre Glaudes et Paolo Tortonese (Éds.), Études romantiques et dix-neuviĂšmistes, 35, 2013, 357 p. ISBN 978 2 8124 0863 2 », Recherches sur Diderot et sur l'EncyclopĂ©die, 48 | 2013, 309-314.

La Peinture de Paysage Il est difficile de considĂ©rer la peinture de paysage comme un genre unique. La peinture religieuse, la nature morte ou les scĂšnes de genre sont facilement reconnaissables parce qu’elles portent des thĂšmes immuables. La peinture religieuse dĂ©peint des sujets religieux, la nature morte se compose de plateaux de fruits, de gibier, de fleurs etc
 Et on appelle peinture de genre les scĂšnes de vie anecdotiques ou familiĂšres. Si l’on suit cette logique, la peinture de paysage serait, comme l’évoque son titre, une reprĂ©sentation de la nature. Eh bien non! Du moins, pas directement. Il faudra attendre le XIXe siĂšcle pour qu’un paysage peint soit vraiment un paysage une nature sauvage, sans hommes. Sans hommes? Oui! Car voilĂ , la peinture de paysage, indissociable de l’homme, est le rĂ©sultat direct de notre conception de la nature Ă  travers les Ă©poques. A la croisĂ©e des dĂ©couvertes scientifiques, des bouleversements sociaux, des diktats esthĂ©tiques se trouve la peinture de paysage. RĂ©vĂ©lĂ©e par les Flamands , antiquisĂ©e par les Italiens, bouleversĂ©e par les Britanniques, harmonisĂ©e par les Chinois, immortalisĂ©e par les Français
 La peinture de paysage est un courant voyageur qui se niche peu Ă  peu dans les esprits pour atteindre des sommets aux XIXe et aux XXe siĂšcles. I- Les fondations de la peinture de paysage La plupart des civilisations fondatrices s’expliquent la crĂ©ation du monde par des manifestations divines. La nature, issue de leur crĂ©ation est vue Ă  travers le spectre de la divinité  Les dĂ©buts de la peinture de paysage occidentale Bien qu’on date la naissance de la peinture de paysage dĂšs l’antiquitĂ© Ă©gyptienne, celle-ci n’y apparaĂźt qu’à un stade embryonnaire. Chez les Ă©gyptiens, les Ă©lĂ©ments de nature sont principalement symboliques et leur reprĂ©sentation est par consĂ©quent trĂšs codifiĂ©e. La nature Ă©tant, par dĂ©finition irrĂ©guliĂšre, il Ă©tait peu probable qu’elle trouve une libertĂ© propre dans cette forme de peinture. Une nuance est Ă  noter pour l’Empire Romain, empire connu pour son goĂ»t de la terre et de l’expansion. Plusieurs fresques de villa romaines dĂ©voilent une vĂ©gĂ©tation parfois luxuriante, mais la peinture de paysage garde essentiellement une fonction dĂ©corative. D’ailleurs, Ovide et ses MĂ©tamorphoses sont une source essentielle pour comprendre la conception de la nature dĂšs l’AntiquitĂ©. La nature est considĂ©rĂ©e comme un lieu de rĂ©sidence privilĂ©giĂ© pour les dieux. Ce qui explique la fonction dĂ©corative du paysage qui est lĂ  pour mettre en valeur la divinitĂ©. Le Banquet d’Achelous par Rubens et Jan Brueghel I, 1615, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtLa fonction dĂ©corative du paysage de Rubens et Brueghel rappelle clairement les textes de leurs prĂ©dĂ©cesseurs latins. La nature enchanteresse prend la forme de voĂ»tes d’architecture Ă  l’arrondi parfait, donnant une noblesse directe aux crĂ©atures divines. Chaque Ă©lĂ©ment naturel est l’attribut ou le symbole d’un ou d’une divinitĂ©. Par exemple, les coquillages symbolisent Achelous, dieu de la RiviĂšre. Vitruve le bĂątisseur de la peinture de paysage occidentale Vitruve est le premier architecte Romain dont les textes nous soient parvenus. Son traitĂ© De Architectura », thĂ©orise l’utilisation de la nature dans les arts peinture, architecture, théùtre etc. Vitruve parle de Topia » dĂ©rivĂ© de “topiarus” jardinier. Topia dĂ©signe un jardin, soit un lieu naturel transformĂ© par l’homme selon sa fantaisie. Dans son traitĂ©, il incite Ă  sĂ©lectionner les Ă©lĂ©ments naturels ceux qui sont beaux et qui servent Ă  la comprĂ©hension de la scĂšne. Son approche de la nature profondĂ©ment architecturĂ©e aura un impact colossal dans l’évolution de la peinture de paysage en occident. Vitruve mis en Français par Ian Martin, “Architecture ou art de bien bĂątir”,1547, Metropolitan Museum of Art Cette illustration exprime parfaitement le point de vue de l’architecte latin. Les hommes prĂ©lĂšvent dans la nature les Ă©lĂ©ments qui leur serviront Ă  bĂątir une structure esthĂ©tiquement parfaite et ordonnĂ©e. La Chine Ă  la recherche d’une harmonie esthĂ©tique En Chine, La peinture de paysage est indissociablement liĂ©e Ă  la poĂ©sie et la littĂ©rature. Ensemble, elles forment les trois disciplines du pinceau. La technique est diffĂ©rente qu’en occident mais le concept est le mĂȘme prĂ©lever dans la nature le beau, et reconstruire une harmonie paysagĂšre
 Le ShanShui est un type de peinture ancestral, maĂźtrisĂ© par les peintres lettrĂ©s qui devient dominant sous la dynastie des Yuan 1279-1368. Shan veut dire montagne et Shui eau, mis bout Ă  bout ils forment le mot paysage. Le Shanshui est un art d’assemblage, c’est Ă  dire que les artistes vont exĂ©cuter de maniĂšre sĂ©parĂ©es les composantes de leur peinture, puis les regrouper, pour arriver Ă  une harmonie idĂ©ale et ainsi former le futur ShanShui. Le ShanShui est inĂ©vitablement liĂ© Ă  l’homme puisqu’il s’accompagne d’une rĂ©flexion poĂ©tique. C’est un paysage de mĂ©ditation et de contemplation supposĂ© provoquer l’apaisement des esprits et ouvrir la voie Ă  la sagesse. L’homme, Ă  travers cette nature idĂ©ale, s’engage dans un parcours initiatique, sinueux comme la montagne. De nombreux ShanShui sont Ă©galement destinĂ©s Ă  glorifier leur empereur, la montagne prend ici un symbole de soliditĂ© politique. Paysage dans le style de Zhao Boju, 1654, encre sur papier, Metropolitan Museum of ArtLa diffĂ©rence entre un ShanShui et la peinture de paysage occidentale rĂ©side dans la perspective. Le ShanShui est en fait une superposition de plans appelĂ©s lointains contrairement Ă  la peinture occidentale qui, dĂšs la Renaissance, utilise la fameuse perspective linĂ©aire rĂšgle du point de fuite. Le ShanShui Ă©tant incroyablement symbolique, son point de fuite se trouverait au sommet de la montagne, point culminant de cette quĂȘte initiatique. Le Moyen-Âge quand l’or recouvre les paysages Le Moyen-Ăąge est connu pour ses fonds d’or hĂ©ritĂ©s de la tradition byzantine. La peinture mĂ©diĂ©vale Ă©tant principalement religieuse et trĂšs codifiĂ©e, le fond d’or est associĂ© au divin. Dieu est considĂ©rĂ© comme Ă©tant Ă  l’origine de toutes choses, la nature n’a pas besoin d’ĂȘtre peinte puisque Dieu est nature. On peut nĂ©anmoins soulever une volontĂ© d’évolution avec certaines fresques de Giotto, primitif italien qui cherche Ă  dĂ©corer ses fonds d’une maniĂšre plus terrestre et annonce ainsi les bouleversements de la Renaissance. Peintre napolitain, L’Adoration des Mages,1340/43, Tempera sur bois, Metropolitan Museum of Art Ce retable est exĂ©cutĂ© par un primitif napolitain grand admirateur de Giotto. MĂȘme si le paysage prend ici une valeur symbolique, on observe dĂ©jĂ  une volontĂ© de dĂ©laisser le fond d’or au profit d’une exploration paysagĂšre. Ce tableau est trĂšs intĂ©ressant parce qu’il nous montre parfaitement cette transition. II-Les Flandres ou la RĂ©vĂ©lation de la peinture de paysage La Renaissance fragmente les croyances de toutes parts. Les frontiĂšres s’écartent. On dĂ©couvre que la terre fait partie d’un systĂšme solaire. On dĂ©couvre de nouvelles terres. La conception de la nature s’en voit grandement modifiĂ©e. C’est dans les Flandres que l’on trouve ce nouvel intĂ©rĂȘt pour le paysage
 Comment expliquer une telle avancĂ©e de la part des flamands? La rĂ©forme protestante C’est l’émergence du protestantisme dans les Flandres qui pousse au dĂ©veloppement de la peinture paysagĂšre. Calvin condamnant la peinture sainte comme de l’idolĂątrie, on privilĂ©gie dĂ©sormais une relation plus discrĂšte entre le fidĂšle et Dieu. C’est ainsi que les peintres des Flandres se mettent Ă  explorer de nouvelles thĂ©matiques pour vendre leurs toiles. La peinture de paysage va dĂšs lors se rĂ©pandre et atteindre un grand succĂšs. La rĂ©forme humaniste la pĂ©riode du XVe siĂšcle tire son inspiration d’Érasme et se veut propice aux rĂ©flexions sur la nature humaine. C’est lĂ  toute la force de la Renaissance qui admet son ignorance et va chercher de nouvelles explications, plus scientifiques Ă  ses croyances. Tous ces questionnements vont faciliter l’utilisation du paysage comme allĂ©gories des rĂ©flexions humaines. Avec les grandes expĂ©ditions menĂ©es Ă  cette Ă©poque, la soif de terres inexplorĂ©es lance un nouvel intĂ©rĂȘt pour la nature et les paysages. Les horizons sont plus vastes, les esprits aussi et cela se ressent sur les toiles. C’est Ă©galement Ă  cette mĂȘme pĂ©riode que l’on dĂ©couvre des lois mathĂ©matiques qui vont rĂ©volutionner la proportion dans la peinture. Mises en application, ces rĂšgles peuvent aussi expliquer une plus grande facilitĂ© dans l’art de peindre la nature. Albrecht Durer, Erasme de Rotterdam,1526, Gravure, Petit Palais, MusĂ©e des Beaux Arts de la Ville de Paris Joachim Patinier, Saint-JĂ©rĂŽme PĂ©nitent,1512/15,huile sur bois, Metropolitan Museum of Art. MĂȘme si les sujets religieux restent les acteurs principaux de ce triptyque, la place accordĂ©e au paysage est impressionnante. Bien Ă©videmment, c’est un paysage imaginĂ© de toutes piĂšces. C’est d’ailleurs Patinier qui poussera Ă  la popularisation dudit Paysage-monde » c’est Ă  dire une immensitĂ© naturelle dans laquelle se dĂ©roule une scĂšne religieuse rendue anecdotique par sa taille. C’est aussi au mĂȘme moment dernier tiers du XVe siĂšcle que se rĂ©pand la production de globes terrestres, cette curiositĂ© sur le monde et sur le lointain pourrait expliquer de la part des flamands cette volontĂ© d’englober » le plus de paysage possible. Le mystĂšre du peintre des petits paysages Peintre et graveur non identifiĂ© Ă  ce jour, Il est connu pour ses gravures de paysages en tous genres. Autrefois identifiĂ© comme Brueghel car, imprimĂ© par le grand JĂ©rĂŽme Cock, il reste Ă  ce jour l’inconnu parmi les peintres mais le maitre parmi les paysages. MaĂźtre des petits Paysages, Vue de Village,1550/60, plume et encre brune L’ñge d’or nĂ©erlandais du XVIIe siĂšcle Au dix-septiĂšme siĂšcle, les Provinces Unies, libĂ©rĂ©es du joug espagnol vont traverser une envolĂ©e tant sur le plan Ă©conomique et social que politique et artistique. leur activitĂ© commerciale qui avait dĂ©jĂ  fait leur rĂ©putation va prendre un nouvel essor et de nouvelles classes sociales vont s’imposer. Une bourgeoisie et une riche paysannerie sont Ă  l’origine dit-on du marchĂ© de l’art moderne qui fera fleurir l’activitĂ© des peintres. Mais surtout, ces nouveaux commanditaires auront des centres d’intĂ©rĂȘts directement liĂ©s Ă  leur rĂ©ussite sociale ce qui fera triompher les peintures de genre et de paysage sur les peintures d’Histoire jusqu’alors indĂ©trĂŽnables. restons cependant modĂ©rĂ©s quant Ă  notre propos, car la peinture d’Histoire conservera une place majoritaire! La demande va ĂȘtre telle, que les peintres constitueront des stocks » de peintures classĂ©es par genre pour satisfaire ces nouveaux clients. Il serait cependant trompeur de penser que ces paysages Ă©taient effectuĂ©s sur le motif en pleine nature, les artistes flamands les constituaient en atelier selon leur fantaisie. Jacob Van Ruisdael, Paysage avec un Village Lointain, huile sur bois, 1646, Metropolitan Museum of ArtVan Ruisdael immense paysagiste hollandais peint ce paysage Ă  dix-huit ans. Ses paysages faisant preuve d’une grande sensibilitĂ© serviront souvent d’exemple aux romantiques. En tĂ©moigne cette remarque d’EugĂšne Fromentin“De tous les peintres hollandais, RuysdaĂ«l est celui qui ressemble le plus noblement Ă  son pays. Il en a l’ampleur, la tristesse, la placiditĂ© un peu morne, le charme monotone et tranquille.“ La cartographie Le XVIIe siĂšcle pour les Flandres, c’est aussi l’ñge d’or de la cartographie. Ce n’est pas anodin si Vermeer peint “Le GĂ©ographe” ou “l’Officier et la Jeune Fille”. Une profusion de mappemondes, de globes et d’atlas se rĂ©pandent, facilitĂ©s par l’imprimerie. Cartographier implique l’observation de territoires pour se repĂ©rer de maniĂšre prĂ©cise dans ce monde aux frontiĂšres encore floues. Hors, l’observation des territoires sous-entend l’observation de la nature Ă©tude topographique. La cartographie a donc jouĂ© un rĂŽle dans l’intĂ©rĂȘt pour les paysages. Johannes Vermeer, La femme au Luth,1662/63, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art La carte de l’Europe Ă  l’arriĂšre plan couplĂ©e au regard de la jeune femme par la fenĂȘtre pourrait sous-entendre qu’on s’intĂ©resse dĂ©sormais Ă  ce qu’il se passe au dehors. Carte du Monde, Jan de Visscher d’aprĂšs Nicolaes Pietersz Berchem, 1670/80, Rijksmuseum III- L’Italie des ruines Ă  la reconstruction C’est en Italie, prĂ©cisĂ©ment avec Antoine Carrache, qu’on dĂ©finit la peinture de paysage comme genre Ă  part entiĂšre au XVIe siĂšcle. Les FrĂšres Carrache vont notamment s’appuyer sur le principe dĂ©fendu par Vitruve qui prĂ©conisait de corriger par la peinture les petits dĂ©fauts de la nature . C’est ainsi que se dĂ©veloppa une rĂ©elle esthĂ©tique paysagĂšre, thĂšme si cher aux italiens dans leur inlassable quĂȘte du beau . Le Paysage IdĂ©al Des enseignements de Vitruve dĂ©coule le fameux paysage idĂ©al ». un paysage embelli selon les codes esthĂ©tiques du XVIe siĂšcle. Un exemple frappant pourrait ĂȘtre la popularitĂ© du thĂšme de l’Arcadie. L’Arcadie est une terre lĂ©gendaire de la GrĂšce antique, cĂ©lĂ©brĂ©e dĂšs la Renaissance pour l’harmonie de ses paysages et le bon vivre de ses bergers. Ce thĂšme sera si populaire qu’une AcadĂ©mie de l’Arcadie se crĂ©era Ă  Rome en 1690. Rappelons nous que Topia Ă©tait utilisĂ© par Vitruve pour dĂ©signer un lieu aux proportions idĂ©ales et harmonieuses. En 1516, c’est l’humaniste Thomas More qui invente le mot Utopia » sorte de paradis imaginaire rĂ©vĂ©lateur de cette nouvelle attirance pour la terre idĂ©ale. Il y avait donc un lien Ă©troit entre le pays et le paysage milieu naturel. Paysage arcadien, 1700, Alessandro Magnasco, huile sur toile, Art Institute of Chicago Une parenthĂšse française en pleine Italie C’est cependant le français Nicolas Poussin qui a tout de mĂȘme passĂ© la majeure partie de sa vie Ă  Rome qui reste connu pour ses Bergers d’Arcadie ». Lui et le peintre Claude Lorrain ont largement contribuĂ© Ă  dĂ©velopper l’art du paysage. En effet, particuliĂšrement Ă  cette Ă©poque du XVII e siĂšcle qui a vu la montĂ©e d’un acadĂ©misme puissant, la hiĂ©rarchie des peintures Ă©taient plus que jamais en vigueur. Au sommet la peinture d’histoire et ses scĂšnes bibliques et mythologiques. Jusqu’à prĂ©sent, le paysage Ă©tait un support, un agrĂ©ment qui valorisait la peinture d’histoire. Poussin et Lorrain ont donc fait preuve d’une grande ingĂ©niositĂ©. MĂȘme si le titre du tableau continue d’évoquer des thĂšmes nobles », on assiste Ă  une vĂ©ritable inversion. C’est le thĂšme mythologique qui sert dĂ©sormais de prĂ©texte Ă  l’exploration paysagĂšre. Poussin et Lorrain sont un bon exemple d’artistes qui voyagent. DĂ©jĂ  instiguĂ© pendant la Renaissance, les voyages et l’intĂ©rĂȘt pour la culture Ă©trangĂšre vont se dĂ©velopper. L’Italie sera une fois de plus mise en lumiĂšre. Entre ruines romaines et urbanisation, de nouveaux sous-genres attenants Ă  la peinture de paysage vont se dĂ©velopper. Nicolas Poussin, Orion aveugle cherchant le Soleil, 1658, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Ici Poussin s’amuse mĂȘme Ă  confondre Diane avec les nuages. Qui est le plus mis en valeur? Diane ou les nuages? Le goĂ»t de Poussin pour les paysages se reflĂštera Ă©normĂ©ment dans ses derniĂšres peintures Les Quatres Saisons. Claude Lorrain, La Campagne Romaine, 1639, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Les Vedute Puisque les analogies entre les Flandres et l’Italie sont indispensables lorsqu’on parle de peinture de paysage, permettons nous une lĂ©gĂšre Ă©vocation des Flandres. Vermeer dĂ©voile sa Vue de Delft » en 1661. Le plus beau tableau du monde » selon Proust n’est autre qu’un magnifique exemple de veduta. Pour ce faire, Vermeer aurait possiblement utilisĂ© une camera obscura », un instrument optique qui reçoit la lumiĂšre Ă©mise par des objets pour reformer ces objets en position inversĂ©e. On plaçait dedans une lentille convexe pour rĂ©tablir le sens des objets. L’utilisation de la camera obscura sera largement reprise par le peintre vĂ©nitien Canaletto au XVIIIe siĂšcle. Les XVIIe et XVIIIe siĂšcles sont marquĂ©s par des voyages aristocratiques d’éducation et de dĂ©couverte intitulĂ©s Grand Tour». Les destinations Ă©taient majoritairement La France, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse et Ă©videmment l’Italie. C’est ainsi que les voyageurs dĂ©couvrent les ruines qui parcourent les paysages italiens. Cette pĂ©riode considĂ©rĂ©e comme le point de dĂ©part de l’histoire du tourisme aura un effet majeur sur la promotion des vedute et de la peinture de paysage en gĂ©nĂ©ral. De nombreux aristocrates vont vouloir rapporter des souvenirs » de leur voyage. C’est lĂ  toute la modernitĂ© de ces vedute car, cette-fois-ci, c’est le paysage lui-mĂȘme auquel on s’intĂ©resse. Le peintre Canaletto et les autres vĂ©dutistes feront fortune en commercialisant leurs vues de Venise. Canaletto, Le Grand Canal de Venise, 1730, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Exemple d’une projection de Camera Obscura Abelardo Morell, Vue de Brooklyn dans la chambre de Brady, 1992 Dessin de Camera Obscura, EncyclopĂ©die, 1762/77, Deferht Des paysages en ruines Capricci ou vedute ideate ! Le triomphe des peintures architecturales SacrĂ©s coteaux, et vous saintes ruines,Qui le seul nom de Rome retenez,Vieux monuments, qui encor soutenez L’honneur poudreux de tant d’ñmes divines, » Joachim Du Bellay, Les AntiquitĂ©s de Rome, 1558 Nouvelle exploration du paysage idĂ©al, le capriccio est la reprĂ©sentation d’un paysage imaginaire. FrancisĂ© en caprice » il s’oppose Ă  la reprĂ©sentation fidĂšle du vedute et est tout droit issu de la fantaisie du peintre. Depuis la Renaissance, on observe une grande redĂ©couverte des ruines romaines . Ce qui va dĂ©clencher une vĂ©ritable fascination esthĂ©tique et jeter les bases de la future architecture classique. De cet attrait pour les vestiges va Ă©merger une peinture architecturale. Les sujets mythologiques Ă©tant toujours au sommet de la pyramide infernale des peintures, c’est une belle astuce consciente ou inconsciente que d’antiquiser » le paysage pour le rendre plus noble. Francesco Guardi, Paysage Fantastique,1765, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Francesco Guardi, Vestiges de Colonnades, 1780/90, stylo et encre brune, Metropolitan Museum of Art IV- L’Angleterre une percĂ©e essentielle dans la peinture de paysage La fin du XVIIIĂšme et le XIXe siĂšcle se fondent sur une sĂ©rie d’expĂ©rimentations et de bouleversements rapides. Ils seront traversĂ©s par de nombreux mouvements aussi bien littĂ©raires que politiques, artistiques que scientifiques est le premier pays europĂ©en Ă  avoir enclenchĂ© sa rĂ©volution industrielle. Peut-ĂȘtre sa relative stabilitĂ© politique lui a-t-elle permis de prendre une telle avance ! L’expĂ©rimentation qui frappe ce siĂšcle dans tous les domaines entraĂźne une exploration fondamentale dans la peinture. L’Aquarelle ou “l’Eau des Peintres” Jusqu’ici, l’Angleterre n’avait pour ainsi dire pas vraiment pris part Ă  notre Ă©popĂ©e de la peinture de paysage. En bonne observatrice, elle s’imprĂ©gna des peintures italiennes et françaises Grand Tour mais Ă©galement et surtout flamandes. Monarchie dĂ©sormais constitutionnelle, Les rois et reines britanniques commissionnent de nombreux grands peintres Flamands et Germaniques d’effectuer leur portrait ce qui aura pour rĂŽle de diffuser les Ɠuvres de ces mĂȘmes peintres. Hors, nous avons vu que la peinture de paysage s’était dĂ©jĂ  lovĂ©e quelques siĂšcles plus tĂŽt dans le cƓur des flamands. N’oublions pas que, l’Angleterre n’est plus catholique depuis 1534. Tout comme les flamands, les anglais ont dĂ©veloppĂ© de nouveaux thĂšmes de peinture, plus en adĂ©quation avec leurs croyances. Durer rĂ©alisait des aquarelles de paysages, et l’Angleterre n’est-elle pas considĂ©rĂ©e comme l’inventeur de l’aquarelle moderne » ? la diffusion de la peinture Ă  l’aquarelle jouera un rĂŽle considĂ©rable dans l’histoire de la peinture. Sans elle, l’Angleterre n’aurait peut-ĂȘtre pas eu son monstre sacré  William Turner La virtuositĂ© de Turner en a fait un gĂ©nie de la peinture. InspirĂ© par Claude Lorrain et Nicolas Poussin, Turner rejoint parfaitement notre propos car c’est un artiste qui voyage. Plus que ça, c’est un grand paysagiste. Il travaillera dĂšs l’ñge de quatorze ans pour l’architecte Thomas Hardwick et effectuera de nombreux dessins et croquis de paysage ce qui lui donnera le goĂ»t de poursuivre dans cette voix. Bien que la biographie de Turner soit lacunaire, on le dĂ©finit comme un grand randonneur qui partait muni de son carnet de croquis et trouvait dans la nature toute son inspiration. Cette attitude d’artiste solitaire se reflĂšte dans un grand courant artistique de la mĂȘme Ă©poque le Romantisme. Avant toutes choses, il est important de clarifier notre emploi de tous ces termes gĂ©nĂ©raux qui sont apparus de plus en plus nombreux au XIXe siĂšcle Romantisme, RĂ©alisme, Naturalisme etc. Tous ces termes nous serviront de facilitĂ© d’explications mais ne doivent en aucun cas enfermer un artiste ni lui retirer sa singularitĂ©. Le Romantisme donc, apparaĂźt initialement en Angleterre et en Allemagne en rĂ©action aux normes strictes et mesurĂ©es du classicisme. Ce mouvement va se diffuser rapidement et aura un succĂšs considĂ©rable dans toute l’Europe et mĂȘme en AmĂ©rique du Sud. Les livres vont dĂ©sormais s’emplir de personnages contradictoires aux passions dĂ©chaĂźnĂ©es. Ces personnages souvent solitaires et incompris trouveront justement leur comprĂ©hension dans la nature qui, par ses forces cycliques et ses accĂšs changeants reprĂ©sente directement les sentiments Ă©prouvĂ©s par les romantiques. Le romantisme allume donc un projecteur sur l’immensitĂ© naturelle, mais la peinture de paysage reste inĂ©vitablement attachĂ©e Ă  la condition humaine. Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Friedrich en est presque un exemple mĂ©tonymique. En effet, c’est le voyageur qui contemple la nature et pas autrement. Si le titre avait Ă©tĂ© La mer de nuages au voyageur » la peinture de paysage aurait pris une tournure diffĂ©rente, mais le Romantisme ne peut se dĂ©tacher de la condition humaine qui est au cƓur de ses prĂ©occupations. Pour revenir Ă  Turner, on le dĂ©crit souvent comme un romantique en raison de l’extrĂȘme sensibilitĂ© de ses peintures et ses couleurs poĂ©tiques et dĂ©chaĂźnĂ©es. Turner est le premier Ă  mĂ©langer aquarelle et peinture Ă  l’huile donnant un rendu embuĂ©, floutĂ© qu’on interprĂšte souvent comme annonciateur de l’impressionnisme. Turner, Saltash, 1811, huile sur toile Metropolitan Museum of Art Turner, Soir de dĂ©luge, 1843, huile sur toile, Washington National Gallery of ArtIl est intĂ©ressant ici d’observer la libertĂ© progressive que prend Turner qui se dĂ©tache des formes rĂ©alistes inspirĂ©es par Lorrain et Poussin pour arriver Ă  ce triomphe de substances et de textures qui lui est si particulier. L’expĂ©rimentation qui frappe le XIXe siĂšcle se ressent jusque dans les palettes. C’est d’ailleurs assez rĂ©vĂ©lateur de l’opposition scientifique qui traversait l’Europe au XIX e siĂšcle. Entre la science du tangible et du matĂ©riel et la science s’intĂ©ressant aux formes immatĂ©rielles et abstraites. Turner s’apparentant de plus en plus Ă  l’abstrait en fin de carriĂšre, c’est incontestablement Constable qui, en parallĂšle, s’affiche comme le maĂźtre du paysage rĂ©aliste. John Constable ProfondĂ©ment inspirĂ© par son prĂ©dĂ©cesseur paysagiste Thomas Gainsborough, Constable rĂ©ussit Ă  hisser la peinture de paysage Ă  une noblesse encore jamais atteinte. Il sera trĂšs influent notamment en France Delacroix l’admirera beaucoup. Constable est aussi reprĂ©sentatif d’une gĂ©nĂ©ration de la rĂ©volution industrielle qui voit ses paysages changer rapidement et s’urbaniser, et qui trouve dans la nature un refuge Ă  ce vacarme industriel. Constable rĂ©alise de nombreuses esquisses en pleine nature avant de peindre. C’est un peintre qui prĂŽne la beautĂ© pure du paysage c’est Ă  dire Ă  son Ă©tat originel. Cette conception aura un impact consĂ©quent sur la peinture de paysage. Nous sommes dĂ©sormais loin des paysages idĂ©alisĂ©s de Vitruve et Pline l’Ancien, la beautĂ© se trouve directement sous n’importe quelle haie et dans n’importe quelle prairie ». Thomas Gainsborough, Paysage de Montagne, annĂ©es 1780, craie noire et blanche estompĂ©es sur papier bleu-gris John Constable, 1825, la CathĂ©drale de Salisbury, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art ParenthĂšse amĂ©ricaine Dans la jeune nation amĂ©ricaine se forme le dĂ©sir se se dĂ©tacher des conventions picturales europĂ©ennes et de crĂ©er un style Ă  part entiĂšre. Dans un pays aussi vaste aux terres encore en friche, les paysages s’affirment comme sujet de prĂ©dilection. Thomas Cole, Le MĂ©andre, 1836, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtOn voit bien ici les Ă©lĂ©ments qui prĂ©figurent la pensĂ©e nord-amĂ©ricaine. Un immense paysage encore en friche mĂȘlĂ© Ă  la douceur d’un ciel presque divin offrant Ă  la scĂšne une lumiĂšre dorĂ©e. Aller Ă  la conquĂȘte de terres inconnues sous l’égide directe du Ciel Dieu. Les guerres qui marquent le XIXe siĂšcle interrompent le phĂ©nomĂšne du Grand Tour » ce qui poussera les anglais Ă  voyager directement dans leurs campagnes . C’est ainsi que nous sont parvenues les plus belles toiles de paysages anglais, Ă©cossais et nord irlandais. L’Angleterre peut enfin se vanter d’avoir eu son heure de gloire. InspirĂ©e par la progression anglaise, la France la suivra de peu, sa rĂ©volution industrielle se dĂ©clare quelques temps aprĂšs, sa rĂ©volution picturale aussi
 V-La France et son autre rĂ©volution » La France depuis le XVIIIe s et encore plus au dĂ©but du XIX siĂšcle est frappĂ©e par un acadĂ©misme indĂ©trĂŽnable. Des peintres illustres comme Jacques Louis- David ou Thomas Couture forment aux Beaux Arts les futures gĂ©nĂ©rations de peintres. La peinture française Ă  cette Ă©poque se dĂ©finit par ses rĂšgles. C’est l’apothĂ©ose de la peinture d’histoire, de peintures militaires glorificatrices, de portraits de grandes figures de la noblesse. Le paysage est complĂštement laissĂ© Ă  l’abandon. Jacques Louis David, La Mort de Socrate, 1787, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art L’Ecole de Barbizon Les dĂ©tachĂ©s de l’AcadĂ©mie » A l’époque oĂč le Salon Officiel dĂ©cide du verdict de chaque peinture, la cĂŽte du paysage est trĂšs basse. Certes, en 1816, le prix du paysage historique » fut ajoutĂ© par l’AcadĂ©mie Française au prix de Rome, mais le paysage s’inscrivait encore dans une vision architecturĂ©e ou idĂ©alisĂ©e. ThĂ©odore Rousseau 1812-1867, rĂ©alise de nombreuses esquisses en pleine nature et propose des paysages rĂ©alistes en opposition complĂšte avec les paysages acadĂ©miques » jusqu’alors tolĂ©rĂ©s. Cela lui vaudra de nombreux rejets du Salon. Pourtant, plusieurs facteurs vont finir par projeter le paysage au devant de la scĂšne. En 1824, le Salon de Paris expose de nombreuses toiles de maĂźtres paysagistes anglais notamment John Constable. Ce Salon peut avoir apportĂ© un dĂ©but d’ouverture d’esprit quant Ă  la beautĂ© et l’apprĂ©ciation des espaces naturels. De plus, depuis le XIXe siĂšcle, la course Ă  l’industrialisation est lancĂ©e dans toute l’Europe. Les productions massives des usines enfument les villes. Plusieurs artistes dont ThĂ©odore Rousseau voudront fuir ce brouhaha industriel . Ils trouveront justement leur refuge dans la forĂȘt de Fontainebleau ou le paisible petit village de Barbizon. D’autant que le dĂ©veloppement des lignes de chemins de fer permettait Ă  de plus en plus d’artistes de venir facilement s’y ressourcer. L’École de Barbizon n’est pas Ă  proprement parler une Ă©cole. C’est d’abord une communautĂ© d’artistes qui s’est retrouvĂ©e tout au long du XIXe siĂšcle Ă  partager des valeurs communes et qui ont fait avancer les codes instaurĂ©s par l’acadĂ©mie. Ils se retrouvaient Ă  l’Auberge de Ganne pour refaire le monde de la peinture et partager leurs dĂ©couvertes et leur enthousiasme. L’auberge de Ganne est aujourd’hui un musĂ©e absolument dĂ©diĂ© aux peintres de Barbizon. Le terme fut ensuite Ă©largi Ă  tous les artistes qui ont trouvĂ© en la forĂȘt de Fontainebleau un sujet d’inspiration. L’invention et la mise en service du tube de gouache en 1841 va Ă©galement faciliter la peinture en plein air en la rendant tout simplement possible et permettra une crĂ©ativitĂ© nouvelle que sauront capter les impressionnistes. Peut-ĂȘtre fallait-il l’industrialisation pour redĂ©couvrir la nature ? Le courant des peintres de Barbizon pave la voie aux futurs impressionnistes. C’est une vĂ©ritable fracture qui se crĂ©e dans la peinture acadĂ©mique française et qui apporte aux peintres une plus grande libertĂ© dans le choix de leurs thĂšmes. ThĂ©odore Rousseau, L’ OrĂ©e du Bois Ă  Monts-Girard,1852/54, huile sur bois, Metropolitan Museum of Art Quelques artistes incontournables de “l’Ecole de Barbizon” Jean François Millet, Meules de foin, Automne 1874, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art Millet, qui mettra toute son ardeur dans la peinture paysanneest tenu comme exemple de nombreux peintres. C’est le peintre prĂ©fĂ©rĂ© de Van Gogh. Camille Corot, Le Batelier,1865, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtLe Batelier de Corot a la poĂ©sie venteuse de sa fin de carriĂšre. Corot s’est formĂ© auprĂšs de Valenciennes, peintre de paysages nĂ©oclassiques. Il inspira considĂ©rablement les impressionnistes. L’impressionnisme enfin ! Une bouffĂ©e d’air frais dans la peinture de paysage Monet, Degas, Sisley, Renoir, CĂ©zanne, ces noms sacrĂ©s qui rĂ©sonnent encore aujourd’hui comme des maĂźtres incontestĂ©s de la peinture. Pourquoi l’impressionnisme est-il devenu le mouvement pictural le plus cĂ©lĂšbre ? AnimĂ©s par le mĂȘme dĂ©sir de rupture, ces artistes ont su tirer profit de leur statut de marginaux. Le Salon des RefusĂ©s autorisĂ© en 1863 par l’empereur NapolĂ©on III permet justement Ă  des artistes comme Manet ou Pissarro de faire voir leurs Ɠuvres rejetĂ©es par le Salon de l’AcadĂ©mie des Beaux-Arts. Soutenus par le marchand d’art visionnaire Durand Ruel et le photographe Nadar, ils sauront se crĂ©er une place incontestable dĂšs les annĂ©es 1880. L’apparition de la photographie a d’ailleurs eu un impact considĂ©rable dans l’histoire de la peinture. Sa popularisation arrive en mĂȘme temps que l’impressionnisme et libĂšre les peintres et leur toiles de cette prĂ©occupation coupable qu’était la recherche de rĂ©alisme. La photographie remplissant parfaitement cet office, la peinture peut dĂšs lors s’adonner Ă  de nouvelles explorations que ne peut pas faire la photographie. L’impressionnisme brise les contours trop finis » du nĂ©oclassicisme et du rĂ©alisme. A l’heure oĂč la science dĂ©couvre que le monde est en rĂ©alitĂ© composĂ© d’une infinitĂ© de petites particules en vibration, les impressionnistes introduisent une nouvelle sensibilitĂ© dans leurs toiles. C’est une peinture de l’instant, aussi fugace soit-il. Il ne s’agit plus de peindre la rĂ©alitĂ© telle que nos yeux la voient, non, la science venait de prouver la capacitĂ© limitĂ©e de notre acuitĂ© visuelle. Il s’agit d’arriver Ă  une harmonie de composition qui donne une impression. Impression, ce terme qui se voulait dĂ©prĂ©ciateur de la part du critique Louis Leroy a en rĂ©alitĂ© marquĂ© Ă  tout jamais le monde de la peinture. L’impressionnisme vient chercher ce qui se cache derriĂšre le rĂ©el. Renoir l’exprime parfaitement dans cette phrase restĂ©e cĂ©lĂšbre Un matin, l’un de nous manquant de noir se servit de bleu l’impressionnisme Ă©tait nĂ© ». L’impressionnisme est donc Ă  la fois une esthĂ©tique distincte et un mouvement. En quoi est-ce fondamental pour la peinture de paysage ? Parce qu’en plus de rĂ©volutionner la maniĂšre de peindre, les peintres impressionnistes vont bousculer d’autres codes. Ils rĂ©aliseront d’immenses tableaux de paysage sur des formats d’ordinaire rĂ©alisĂ©s pour des genres plus nobles ». C’est ainsi que le paysage gagnera ses lettres de noblesse. Pierre Auguste Renoir, Jeune Fille au Bain, 1892, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtRenoir est un maĂźtre incontestĂ© de la lumiĂšre. Ses paysages et ses figures ont la brillance pĂąle de la nature s’adapte ici au mouvement des cheveux de la jeune fille et nous donne une grande impression de fraĂźcheur. Les impressionnistes procĂ©dant par “touches”, c’est sĂ»rement avec Renoir qu’on peut parler de grain de peau”. Ici, plus de combat entre la nature et le sujet, les deux se complĂštent pour former l’Impression. Camille Pissarro, Peupliers, Eragny, 1895, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtCamille Pissarro a la minutie d’une dentelliĂšre. Pourquoi y a t- il autant de lumiĂšre dans les tableaux impressionnistes ? C’est qu’ils maĂźtrisent les ombres Ă  la perfection. Leurs touches sont aussi folles et harmonieuses que la nature. Les impressionnistes observent les paysages avec un Ɠil nouveau, un Ɠil libre. Nous nous arrĂȘterons aux impressionnistes parce que c’est Ă  ce moment prĂ©cis que la peinture de paysage a pleinement Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e et a atteint le sommet des genres. Évidemment, le XXe siĂšcle, siĂšcle d’accentuation est fascinant dans le domaine du paysage. Quant au XXIe siĂšcle, siĂšcle de dĂ©clinaisons et d’impertinences, le paysage reste toujours un thĂšme de prĂ©dilection. Cependant, ces deux siĂšcles mĂ©riteraient un article complet et une approche diffĂ©rente. Conclusion Celui qui veut relater l’histoire de la peinture de paysage devra comprendre la logique qui se cache derriĂšre. Un genre qui serpente entre les rĂšgles, les interdictions et les prĂ©ceptes des acadĂ©mies. Patience, voilĂ  le fin mot qui conclue l’histoire du paysage. BeautĂ© de l’ombre, la nature s’immisce peu Ă  peu dans les toiles, instiguĂ©e par les peintres qui ne peuvent renier son potentiel esthĂ©tique. Si l’histoire de la peinture de paysage est aussi riche, c’est qu’elle est indissociable des premiĂšres prĂ©occupations humaines l’homme est insĂ©parable de son environnement. Au fur et Ă  mesure des comprĂ©hensions, la nature des peintres change de style, devient plus folle. Ce n’est qu’au XIXe siĂšcle qu’on reconnaĂźt officiellement sa toute puissance dans la peinture. Officieusement, et si l’on s’intĂ©resse aux peintres en profondeur, on ressent souvent que la nature les attire, les appelle. N’oublions pas que jusqu’à trĂšs tard, les commanditaires rĂ©clamaient des peintures d’Histoire ou des portraits. Nos peintres, s’ils voulaient survivre n’avaient donc souvent guĂšre le choix. Mais, certaines toiles ne trompent pas. C’est le cas de cet inclassable
 El Greco, Vue de TolĂšde,1597-1599, huile sur toile, Metropolitan Museum of ArtParfois considĂ©rĂ© comme un expressionniste avant l’heure, El Greco donne Ă  ce chef d’Ɠuvre le mĂȘme regard orageux qu’ont ordinairement ses figures. Le paysage semble torturĂ©. TolĂšde se tord sous un ciel bleutĂ©, Ă©lectrique. Cette Ɠuvre reste inclassable tant dans son temps que dans son genre. Bibliographie Paysages Entre Nature et Histoire Pierre Wat, PĂ©rĂ©grinations L’Art des Paysages Nils Buttner, Citadelles et Mazenod Fables du Paysage Flamand, Alain TapiĂ©, Michel Weemans, Somogy Editions d’Art DĂ©couvrez une sĂ©lection d’objets en lien avec l’article

Hammershoi peintre de l'intérieur Aussi fascinant qu'énigmatique, le "Vermeer danois" (1864-1916) se dévoile au musée Jacquemart-André, à Paris. Please verify you are a human Access to this page has been denied because we believe you are using automation tools to browse the website. This may happen as a result of the following Javascript is disabled or blocked by an extension ad blockers for example Your browser does not support cookies Please make sure that Javascript and cookies are enabled on your browser and that you are not blocking them from loading. Reference ID 960b0a17-2769-11ed-bcbf-73686f6f4a43
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Une fois sĂšche, c’est presque impossible de l’éliminer complĂštement. Pour Ă©viter tout risque de dessĂšchement de la peinture sur le pinceau, nettoyez-le dĂšs que vous avez terminĂ©. La peinture laissĂ©e sur le pinceau rendra les poils plus rigides et les poils perdront leur forme. Lorsque vous utilisez de la peinture acrylique, humidifiez les poils avec de l'eau, mais ne laissez pas les pinceaux tremper trop longtemps dans l'eau. La peinture Ă  l'huile est plus lente Ă  sĂ©cher, il n'est donc pas nĂ©cessaire de laisser tremper les pinceaux dans le diluant pendant la sĂ©ance de peinture, mais vous devez les nettoyer correctement lorsque vous avez terminĂ©. Si la peinture Ă  l'huile sĂšche sur le pinceau, essayez de faire tremper les poils dans un bon dĂ©graissant pendant quelques minutes, puis frottez-les sur la paume de la main en ajoutant du savon au besoin. 2- Laisser les pinceaux tremper longtemps Le pinceau est composĂ© de diffĂ©rents Ă©lĂ©ments, assemblĂ©s ensembles, soit avec de la colle, soit avec un sertissage. Trop d'humiditĂ© ajoutĂ©e au poids du pinceau appuyĂ© sur ses poils, pourrait entraĂźner une forte dĂ©formation des poils. Le liquide peut aussi pĂ©nĂ©trer sous la virole, imbiber et ramollir la colle, ce qui peut Ă©ventuellement dĂ©coller la virole du manche. Le liquide peut aussi faire gonfler le manche en bois qui, en se dilatant desserrerait le sertissage et entrainerait la sĂ©paration de la virole et du manche. Le manche, en gonflant entrainerait le dĂ©tachement du verni qui pourrait tomber en miettes dans la peinture et causer inconfort et insatisfaction durant le travail de peinture. Comment bien nettoyer les pinceaux Lorsque vous avez fini de peindre avec un pinceau particulier, vous devez le nettoyer immĂ©diatement pour Ă©viter que la peinture ne sĂšche sur les poils. Suivez cette procĂ©dure simple pour nettoyer les pinceaux et vous conserverez vos pinceaux bien propres pour la prochaine fois que vous voudrez peindre. Rincez-les d’abord dans le diluant pour la peinture Ă  l’huile ou dans l’eau pour la peinture acrylique. Rincez ensuite votre pinceau sous l'eau courante tiĂšde. À l’aide de vos doigts, serrez doucement et rapidement les poils pour dĂ©loger davantage les restes de peinture. Le savon de Marseille est trĂšs efficace et dure trĂšs longtemps Utilisez du savon spĂ©cial pour artistes ou du savon ordinaire pour le lavage des mains, ou du savon Ă  vaisselle ou encore mieux, du savon de Marseille. Mettez du savon sur votre pinceau et lavez doucement les poils avec vos doigts en passant le savon entre les poils. Rincez, vĂ©rifiez s'il reste de la peinture et, le cas Ă©chĂ©ant, rĂ©pĂ©tez les mĂȘmes Ă©tapes, jusqu’à ce que le pinceau soit bien propre. Une fois que vous ĂȘtes certain que toute la peinture a Ă©tĂ© retirĂ©e, secouez le pinceau pour Ă©liminer l'excĂšs d'eau. Épongez les poils avec un essuie-tout ou un chiffon, simplement en pressant mais jamais en frottant et faites sortir l'excĂšs d'eau. Laissez votre pinceau sĂ©cher de prĂ©fĂ©rence Ă  l'horizontale. Quelques trucs de fabricants de pinceaux et de peinture Si les pinceaux ont perdu leur forme, vous pouvez les tremper dans de l'eau bouillante pendant quelques secondes et ils se remodĂšlent. Le fait de tremper rĂ©guliĂšrement vos pinceaux dans un assouplissant vous aidera Ă  rendre les poils plus doux et plus souples, les empĂȘchant de devenir cassants. Faites tremper les pinceaux souillĂ©s de peinture Ă  l'huile pendant 5 Ă  10 minutes dans de l'huile pour bĂ©bĂ©. Ensuite, lavez-les bien avec du savon doux et de l'eau chaude. Nettoyez bien la partie des poils qui se trouve prĂšs de la virole. C’est souvent la zone la plus difficile Ă  nettoyer, mais elle est tout aussi importante pour maintenir la forme de la pointe du pinceau. AprĂšs le nettoyage au savon et Ă  l'eau, terminez le travail Ă  l'huile d'olive. C’est incroyable combien de peinture Ă  l'huile vous retirerez encore d’un pinceau que vous croyiez propre ! Et en plus, l'huile d'olive garde les poils plus doux ! Prenez une tasse en verre et remplissez-la de vinaigre blanc. Faites-la chauffer au micro-ondes pendant 1 Ă  1,5 minute, puis plongez-y vos pinceaux durcis. Ensuite lavez-les au savon et rincez-les Ă  l'eau tiĂšde. Voici un pinceau mal entretenu. La pointe des poils est dĂ©formĂ©e et les poils s'Ă©cartent À mes dĂ©buts, lorsque je peignais, j’utilisais des pinceaux bon marchĂ©s et je l’avoue, je n’en prenais pas bien soin. Je pensais faire des Ă©conomies, mais je devais en acheter des nouveaux trĂšs souvent car il se dĂ©tĂ©rioraient trĂšs vite. Aujourd’hui, j’achĂšte peu de pinceaux, je les paie assez cher, mais ils durent des annĂ©es parce que j’en prend bien soin. Ils sont toujours propres, prĂȘts Ă  ĂȘtre utilisĂ©s, les poils conservent leur forme originale et grĂące Ă  tout cela, je fais des Ă©conomies et je peins avec beaucoup plus de plaisir et de confort. Avant de vous livrer une derniĂšre astuce, je vous rappelle qu'en ce moment vous pouvez rejoindre la formation "La Peinture c'est Facile!". Et profiter de plus de 400 heures de cours de peinture ! En ce moment, vous pouvez profiter de 7 jours d'essai offerts en cliquant ici Un autre petit truc ? Remplacez vos essuie-tout et Sopalin par des chiffons doux. Quand c’est doux pour la peau, c’est doux pour les pinceaux ! Bonne semaine et Ă  lundi prochain. Bye bye ! RenĂ© Enviede prendre un cours de dessin paris?. Si vous recherchez des bons cours de peinture sur Youtube, alors nous ne pouvons que vous conseiller la chaĂźne du regrettĂ© Bob Ross, peintre amĂ©ricain qui a rĂ©alisĂ© de trĂšs nombreuses vidĂ©os et tutoriels sur la peinture.Tous les Ă©pisodes sont disponibles sur Youtube alors n'hĂ©sitez pas Ă  y faire un tour. Dans lequel le peintre se marginalise ou se miniaturise, tout en contrĂŽlant le regard. La leçon de musique Vermeer, 1662-64, The Royal Collection, The Windsor Castle Dans le miroir se rĂ©vĂšle un des pieds du chevalet de Vermeer. PlutĂŽt qu’un dĂ©tail pittoresque impliquant le peintre dans son oeuvre, il s’agit plutĂŽt de proclamer une forme d’égalitĂ© entre le pouvoir de la Peinture et celui du Miroir Une peinture parfaite, en effet, est comme un miroir de la Nature. Elle fait que des choses qui n’existent pas puissent exister, et trompe d’une façon permise, amusante et louable. » Samuel van Hoogstraten, Introduction Ă  l’école supĂ©rieure de la peinture, Rotterdam, 1677 De plus, la prĂ©sence Ă©ternisĂ©e du peintre en son absence crĂ©e un effet d’étrangetĂ©, qui tient au rabattement du lieu de l’Artiste dans celui de l’Oeuvre, du temps du Faire dans celui du Fait Le miroir nous montre cette peinture comme se faisant » sous nos yeux. Il offre le paradoxe d’un tableau qui s’autocontient » L’instauration du Tableau, p 261, 1993 En tirant partie du fait que le minuscule rectangle en haut Ă  gauche doit ĂȘtre le mur du fond, le professeur a pu reconstituer la topographie prĂ©cise de la piĂšce, que l’ingĂ©nieur Tim Jenison a reconstruit en grandeur rĂ©elle il a ensuite reproduit le tableau en rĂ©inventant les mĂ©thodes optiques de Vermeer. La leçon de musique, recréée par Tim Jenison Cette passionnante expĂ©rience est expliquĂ© dans Le miroir de l’atelier Charles Martin Hardie, 1898 Dos Ă  dos Ă  dos Francine Van Hove, 2007 Deux rĂ©surgences du chevalet dans le miroir
 Nous allons voir maintenant des exemples oĂč le peintre pudique va montrer un peu plus que le pied de son chevalet
 Son reflet dans la famille Everhard Jabach et sa famille Charles Le Brun, vers 1660, Metropolitan Museum Lorsque le financier se fait portraiturer entre ses collections et sa famille, il autorise le peintre Ă  s’inclure parmi elles, Ă  une place privilĂ©giĂ©e au dessus des instruments du savoir et de la religion une sorte d’alter ego, mais en deux dimensions. Ainsi, vus de trois quarts, le buste de Minerve et le reflet du peintre conduisent le regard vers le visage du maĂźtre de maison, lequel le relaye vers les autres ĂȘtres vĂ©ritablement animĂ©s de la composition sa femme et ses enfants adorĂ©s. Le mĂ©chant tambour The naughty Drummer Nicolas Maes, 1655, MusĂ©e Thyssen Bornemisza, Madrid Une scĂšne familiale Tandis que la femme menace du martinet le garçon bruyant, le peintre de genre, du haut de son miroir, jette un oeil objectif sur le vacarme. A noter que l’artiste n’entre dans le tableau qu’à la sauvette le point de fuite ne concordant pas avec son oeil, il n’est pas du tout en train de se regarder dans le miroir, mais d’observer son modĂšle. C’est uniquement la position du spectateur, Ă  droite du tableau, qui capture incidemment son visage dans le cadre du miroir. Des allusions Cette scĂšne familiale comporte plusieurs allusions [1]. Tout d’abord Maes fait un clin d’oeil Ă  sa ville natale, Dordrecht, connue pour une histoire survenue durant l’inondation de 1421 l’ enfant au berceau » fut sauvĂ© miraculeusement, en flottant sur les eaux. Mais c’est surtout la carte des Sept Provinces, pendue au dessus du garnement , qui recĂšle une intention politique. L’ombre noire qui la recouvre fait allusion Ă  la situation sombre du pays aprĂšs le traitĂ© avec l’Angleterre, dĂ©chirĂ© par la guerre des partis. Ainsi le geste exagĂ©rĂ© de la mĂšre brandissant son martinet s’adresse, au delĂ  de son fils, Ă  tous ces enfants turbulents de la RĂ©publique c’est lĂ  qu’il s’agit de remettre de l’ordre. Jeune fille cousant Nicolas Maes,1655, Collection privĂ©e A l’appui de cette interprĂ©tation politique de la carte, dans cet autre tableau de la mĂȘme pĂ©riode, elle apparaĂźt cette fois en pleine lumiĂšre, au dessus de la jeune fille cousant dans la paix du foyer ici Maes a tronquĂ©, par rapport Ă  la carte originale, toute la partie gauche qui reprĂ©sente les Pays-Bas espagnols. [1] Voir Karten in Bildern zur Ikonographie der Wandkarte in hollĂ€ndischen InterieurgemĂ€lden des siebzehnten Jahrhunderts, BĂ€rbel Hedinger, 1986 Ma famille, Joaquin Sorolla, 1901, Valencia, Museo de la Ciudad, Ayuntamiento Sorolla a retrouvĂ© la composition de Maes dans ce portrait de famille pyramidal oĂč, sous l’oeil surplombant du pĂšre, le jeune fils reprend le flambeau en croquant sa plus jeune soeur, avec l’aide de la grande. IntĂ©rieur avec le peintre et son modĂšle, Matthijs Roeling, 1970, Collection privĂ©e Version plus moderne de la mĂȘme composition le titre est trompeur, puisqu’il incite Ă  voir le jeune dessinateur, alors que le peintre est Ă©videmment ailleurs plus petit que la poupĂ©e
. L’Atelier des frĂšres Chernetsov Alexei Tyranov, 1828, MusĂ©e d’Art Russe, Saint Petersbourg Le peintre figure doublement dans le tableau en tant que personnage, dans le miroir accrochĂ© au mur seule figure Ă©clairĂ©e au milieu des deux frĂšres en contrejour ; en tant qu’emblĂšme , sous les espĂšces de la palette posĂ©e au premier plan sur le tabouret. L’impossibilitĂ© physique peindre et ne pas peindre s’évacue dĂšs lors que nous comprenons que la palette, avec ses couleurs bien rangĂ©es, est en attente sur le seuil, tandis que le peintre est en train d’esquisser le tableau. Larsson La chambre de papa, Carl Larsson, vers 1895 Au milieu de l’imposante chambre, avec un humour certain, Larsson dĂ©compose son autoritĂ© paternelle en trois morceaux les bottes, le torse et les moustaches, du plus grand au plus petit. Mes amis, le charpentier et le peintre Carl Larsson, 1909 Larsson ce Rockwell nordique se reprĂ©sente ici avec humour encadrĂ© par ses alter-egos le charpentier avec son marteau, le peintre en bĂątiment avec son pot et son pinceau, les deux fixant un mystĂšre en hors champ qu’il s’agit de clouer, puis de badigeonner de rouge. L’amoncellement des outils sur le sol, la moulure verte dĂ©cloutĂ©e et posĂ©e sur la chaise, ne nous donnent aucune indication. Et Larsson, protĂ©gĂ© dans son cadre dorĂ© au milieu de tout ce chantier, nous fixe d’un oeil bonhomme, et nous laisse en plan. Esbjorn faisant ses devoirs Carl Larsson, vers 1910, Ateneumin Taidemuseo, Helsinki Esbjorn faisant ses devoirs II Carl Larsson, 1912 La comparaison des deux versions montre combien la composition influence notre ressenti. Dans la vue frontale, l’écolier assis du cĂŽtĂ© de la fenĂȘtre fermĂ©e, face Ă  la statuette ennuyeuse, n’a qu’une seule envie passer du cotĂ© de la fenĂȘtre ouverte, du jardin et de la chaise vide. Dans la vue latĂ©rale, tout l’univers du garçon – son Ă©tabli, son bureau, son cahier – converge vers l’image de son pĂšre, qui le tient Ă  l’oeil sans trop prendre le rĂŽle au sĂ©rieux car clairement le gamin dort, les mains dans les poches et le nez en l’air, en face de la fenĂȘtre ouverte ; et les trois tĂȘtes dans le cadre, tĂȘte d’or, tĂȘte de rapin et tĂȘte de pantin disent avec humour que les porteurs de chapeau ne font pas pas le poids face Ă  un enfant qui rĂȘve. Zinaida Serabriakova Tata et Katia dans le miroir Zinaida Serabriakova, 1917, Collection privĂ©e Charmant portait de la mĂšre de famille avec trois de ses quatre enfants les deux filles de part et d’autre du miroir Tatiana, nĂ©e en 1912, Ekatarina nĂ©e en 1913 et un des garçons Eugene nĂ© en 1906 ou Alexandre, nĂ© en 1907 debout au fond du corridor. Ce sont encore les annĂ©es heureuses Ă  Saint PĂ©tersbourg, avant la RĂ©volution, le veuvage, l’exil sans les enfants, et la dĂšche. Zinaida tient son carton Ă  dessin de la main droite et dessine de la main gauche, comme il sied Ă  un reflet. A noter la perspective trĂšs approximative seule la ligne qui relie la tĂȘte de la petite fille Ă  son reflet aboutit Ă  l’oeil du peintre. Les fuyantes de la chaise aboutissent un peu plus Ă  gauche. Celle de la table tombent plus bas, celle du corridor plus haut. Si le point de fuite du corridor tombait au niveau de l’oeil du peintre, le garçon serait cachĂ© par sa mĂšre. L’intention de Zinaida n’est pas ici l’exactitude optique – elle s’amuse mĂȘme, avec ce corridor en enfilade, Ă  un pseudo effet d’abyme. La mise en scĂšne est celle du bonheur familial, avec pour pivot la mĂšre, entre les deux filles studieuses et le garçon qui ne tient pas en place. Chez le coiffeur Zinaida Serabriakova, fin des annĂ©es 1920 ExilĂ©e Ă  Paris, Zinaida a conservĂ© son intĂ©rĂȘt pour les ruses avec les miroirs deux garçonnes cĂŽte Ă  cĂŽte semblent le reflet l’une de l’autre. Zinaida se situe Ă  droite, Ă  en croire la palette coincĂ©e derriĂšre le tableau. Pour d’autres autoportraits de Zinaida, voir Sur son art classĂ© par thĂšmes Son reflet auprĂšs d’elle Jeune femme se poudrant Young Woman Powdering Herself Seurat, 1889-90 Courtauld Gallery, Londres La jeune femme de 20 ans est Madeleine Knobloch, la maĂźtresse de Seurat. Primitivement, le visage de celui-ci apparaissait dans le miroir. Mais, comme un ami lui avait dit que cela paraissait bizarre, il prĂ©fĂ©ra le dissimuler sous un pot de fleur, transformant le miroir en tableau. Portrait de femme Santiago Rusinol, 1894, Museu Nacional d’Art de Catalunya, Barcelona Dans cette composition sĂ©vĂšre, le profil barbu de Rosinol affronte, du fond du miroir, le profil dĂ©licat de la jeune fille. Tout est mis au service d’une simplicitĂ© efficace la perspective impeccable – les fuyantes du marbre de la cheminĂ©e convergent bien vers l’oeil du peintre ; la gĂ©omĂ©trie implacable – des emboĂźtements de carrĂ©s ; la palette rarĂ©fiĂ©e – noir et ocre ; le point de vue simplifiĂ© de profil. AustĂ©ritĂ© voulue, qui met d’autant plus en valeur les lignes serpentines de la jeune fille, la puretĂ© de son profil, et les seuls objets colorĂ©s du tableau
 
qui sont les attributs symboliques de sa fugitive BeautĂ© deux brochures fanĂ©es et un bouquet fanĂ©.. Portrait de Henrietta Leopoldovna Ghirshman Valentin Serov , 1907, Gallerie Tretiakov, Moscou Ce tableau virtuose multiplie les reflets la fiole de droite par exemple, qui se reflĂšte Ă  la fois dans la table de toilette en verre et dans le miroir, nous mĂšne jusqu’à l’oeil du peintre sur le bord. MalgrĂ© les parties non peintes de la partie gauche et du bas du meuble, malgrĂ© la focalisation impossible Ă  la fois sur le visage de la femme et sur celui du peintre, ce portrait donne une impression d’exactitude optique sous les effets picturaux, la construction perspective est rigoureuse. Matisse Nature morte, serviette Ă  carreaux Matisse, 1903, Collection PrivĂ©e Un vase bleu borne la frontiĂšre entre l’espace de la serviette – froissĂ©, bariolĂ©, gĂ©omĂ©trique carrĂ©s du tissu, cercles des pommes et celui du miroir – indistinct, monocolore, organique, oĂč se devine un autoportrait brouillĂ©. Carmelina Matisse, 1903, MusĂ©e des Beaux-Arts de Boston, USA A l’inverse, dans cet atelier au miroir rĂ©alisĂ© la mĂȘme annĂ©e, la silhouette massive et fortement charpentĂ©e du modĂšle peine Ă  Ă©quilibrer la prĂ©sence forte de Matisse, Ă  l’autre bout d’une sorte de balançoire graphique fichĂ©e perpendiculairement au tableau. La manche droite du peintre et la main droite laissĂ©e inachevĂ©e du modĂšle rivalisent dans les rouges, de part et d’autre du vase bleu qui, ici encore, marque le lieu du pivot. Dans le plan du tableau, un autre Ă©quilibre s’établit entre le petit cadre de droite, et le cadre plus consĂ©quent du miroir effet qui majore la taille du peintre, lui Ă©vitant l’écrasement total par la grande femelle centrale. Le Peintre et son ModĂšle Dufy, 1909, Collection privĂ©e Dufy, qui Ă©tait gaucher, a eu soin de se reprĂ©senter ainsi. La composition en quatre quadrants donne au modĂšle la moitiĂ© gauche, tandis que l’artiste et tous les objets de son art se trouvent encadrĂ©s de dorĂ© dans le miroir, qui fonctionne ici comme un tableau dans le tableau. Il se crĂ©e ainsi une sorte d’appel d’air depuis la rĂ©alitĂ© colorĂ© vers le lieu de l’artiste, puis au delĂ  vers la cadre de la cheminĂ©e oĂč toute couleur s’abolit. Autoportrait avec modĂšle Angel Zarraga, vers 1940 A contrario, le peintre, pourtant debout, se trouve ici miniaturisĂ© et amoindri par les tons bleus, au point que, sans profondeur, le miroir ressemble plutĂŽt Ă  un tableau dans le tableau. Et la main gauche de la femme posĂ©e sur le coussin, qui pourrait inviter le peintre de chair Ă  venir d’asseoir Ă  cĂŽtĂ© d’elle, semble plutĂŽt lĂ  pour interdire Ă  ce petit homme de descendre dans le monde des grandes. L’atelier Mario Tozzi ,1928 Exactement contemporaine mais dans en style moderne », cette toile Ă©vite l’effet jivaro en agrandissant le miroir, qui montre Tozzi de la tĂȘte aux pieds. Le modĂšle, avec sa mandoline et son miroir fait pendant, sans l’écraser, au peintre avec sa palette et son chevalet. Myself in the studio, Belford Mews Alberto Morrocco, Collection privĂ©e La composition met en orbite autour du modĂšle absorbĂ© dans sa lecture les ingrĂ©dients habituels d’une nature morte bouteille, tasse Ă  cafĂ©, vase avec fleurs, compotier avec fruits, guitare. Seul Ă©chappe Ă  cette convention le miroir dans lequel le peintre, rĂ©duit Ă  un torse et Ă  un regard, semble l’émanation de la pensĂ©e de la liseuse. DerriĂšre lui, dans un spot bleu, une tĂȘte noire hurlante poursuit cette Ă©chappĂ©e dans l’abstraction. Portrait de Marguerite Kelsey Peter Edwards, 1992 Nous citons ici l’explication qu’a donnĂ© de son tableau Peter Edwards lui-mĂȘme, en 2005 Le retour d’une modĂšle cĂ©lĂšbre Cette peinture reprĂ©sente Marguerite Kelsey, une modĂšle cĂ©lĂšbre entre les deux guerres, qui faisait partie de la scĂšne bohĂšme artistique de Chelsea. Elle a posĂ© pour la plupart des grands artistes britanniques de l’entre deux guerres
 Elle Ă©migra en Nouvelle-ZĂ©lande au dĂ©but de la seconde guerre mondiale avec son nouveau mari, et aprĂšs sa mort suite Ă  une longue maladie dans les annĂ©es 1980, elle revint en Angleterre, sans le sou et souffrant d’une arthrite rhumatoĂŻde invalidante. C’est alors qu’elle fut redĂ©couverte par le monde de l’art dans son studio de Worthing
 La grande peinture exĂ©cutĂ©e dans mon atelier de l’époque Ă  Ellesmere, Shropshire, a Ă©tĂ© une tentative de reprĂ©senter Marguerite comme je l’avais vue Ă  Worthing mais aussi de distiller dans mon travail tous les souvenirs d’un monde artistique disparu. » La bouteille de vin Pendant les poses, il y avait toujours une bouteille de Riesling allemande pas chĂšre, chaude, pas trĂšs forte. L’artiste et la modĂšle la sirotaient pendant les sĂ©ances. » C’est ainsi que nous faisions Ă  Chelsea – dans le monde de l’art, mon cher. Le vin blanc ne compte pas comme boisson. » J’ai mis une bouteille dans le tableau, lĂ  oĂč elle se trouvait toujours, dans la cheminĂ©e. Peinte de maniĂšre dĂ©taillĂ©e, elle ne me satisfaisait pas. Elle semblait trop littĂ©rale – prosaĂŻque, alors je l’ai raclĂ©e et l’écho» qui en a rĂ©sultĂ© m’a semblĂ© plus Ă©vocateur. » Les jets spermatiques » Il y a plusieurs marques de jets de peinture sur la surface, qui ont ensuite Ă©tĂ© conservĂ©s sous le vernis
 Mais que font-elles dans cette peinture ? Elles font certainement partie de l’histoire que raconte l’oeuvre. Robin Gibson de la National portrait gallery ironiquement les appelait spermatozoĂŻdes ». Et le critique d’art McEwen a Ă©crit sur ma technique irritante », ne comprenant pas, je pense, que ces marques faisaient partie de l’histoire, des sortes d’hiĂ©roglyphes de peinture. Mais que sont-elles ? En regardant de nouveau, je vois ces marques flottantes comme les esprits de tous les peintres et sculpteurs qui ont reprĂ©sentĂ© Marguerite et qui sont maintenant tous morts. » Le tableau dans le tableau 
c’est lors d’une de ces derniĂšres sĂ©ances qu’elle a commencĂ© Ă  me dire qu’elle Ă©tait assise comme dans un nu pour George Spencer-Watson, au dĂ©but des annĂ©es 1930. Cela a fait un dĂ©clic et je me suis souvenu que j’avais possĂ©dĂ© une reproduction bon marchĂ©, du temps oĂč j’étais Ă©tudiant Ă  Cheltenham, reprĂ©sentant une jolie jeune femme assise dans une chaise. J’ai dĂ©crit la peinture avec son tapis de fourrure et ses boucles d’oreilles caractĂ©ristique et elle a dit » Oh, oui, mon cher. C’était moi ! » J’ai alors incorporĂ© l’image dans le tableau. Elle se trouve dans le coin supĂ©rieur gauche. » Nu George Spencer-Watson, vers 1930 D’une autorĂ©fĂ©rence Ă  l’autre La revue Modern Masterpieces » posĂ©e sur la table porte sur sa couverture le tableau lui-mĂȘme. Edwards n’a pas tentĂ© de reproduire l’effet Droste de Spencer-Watson, mais y a peut ĂȘtre puisĂ© l’idĂ©e d’une autre forme d’autorĂ©fĂ©rence, celle du miroir » Le visage dans le miroir est un autoportrait reprĂ©sentant tous les artistes qui l’ont regardĂ©e, et Ă  travers eux ont permis au spectateur de voir ce qu’eux-mĂȘmes avaient vu. C’est une peinture sur le thĂšme du modĂšle qui est vu et de l’ artiste qui voit. Parfois l’autoportrait prend prĂ©texte d’une nature morte. Le miroir Laura-Therese Alma-Tadema, 1872 La seconde femme d’Alma Tadema fut son Ă©lĂšve trĂšs douĂ©e voici un de ses tout premiers tableaux, un an aprĂšs leur mariage, oĂč elle s’est reprĂ©sentĂ©e dans le miroir, un pinceau Ă  la main. La tulipe posĂ©e devant est un hommage Ă  la Hollande, pays natal de son Ă©poux et source d’inspiration pour sa propre peinture. Une famille Lawrence Alma-Tadema, 1896, Royal Academy of Arts Pour leur vingt-cinquiĂšme anniversaire de mariage, Lawrence offrira Ă  Laura ce tableau de famille, oĂč elle figure Ă  droite, accompagnĂ©e de son frĂšre et de ses deux soeurs le Dr Washington Epps, Emily Williams et Ellen Gosse. Le peintre s’est reprĂ©sentĂ© dans le miroir au dessus d’elle. Auto-portraits de Lawrence Alma-Tadema and Laura Theresa Epps, 1871 Le panneau posĂ© sur le chevalet est inspirĂ© par un diptyque rĂ©unissant les auto-portraits des deux Ă©poux, rĂ©alisĂ© l’annĂ©e-mĂȘme de leur mariage. La rose anglaise et la tulipe hollandaise, sĂ©parĂ©es en 1871, se retrouvent en 1896 conjointes dans le mĂȘme panneau. Pour plus d’informations sur la famille Alma-Tadema, voir Bonnard Table de toilette au bouquet rouge et jaune The Dressing Table with a Bunch of Red and Yellow Flowers Bonnard, 1913, Museum of Fine Arts, Houston Bonnard a peint Ă  plusieurs reprises ce coin-toilette avec son miroir, dans la chambre de son appartement de Saint-Germain-en-Laye. Mais c’est le seul tableau oĂč il se se rĂ©vĂšle dans le reflet, tĂȘte coupĂ©e, pinceau Ă  la main, nu Ă  cĂŽtĂ© de la fenĂȘtre qui laisse rentrer un peu d’air, Ă  cĂŽtĂ© du chien qui dort. Reflet rĂ©aliste ou collage dans le miroir ? Peu importe l’important est que la vue plongeante unifie la table et la banquette de sorte que les accessoires de toilette complĂštent le pinceau du peintre, et le bouquet devient palette. IntĂ©rieur Bonnard, 1913, Collection privĂ©e Dans ce tableau de la mĂȘme annĂ©e, on retrouve le coin-toilette avec l’éponge dans son support, le gant de toilette et les petites Ă©tagĂšres Ă  droite. La figure dans le miroir est-elle le peintre ou sa modĂšle Marthe, occupĂ© Ă  se rogner les ongles au milieu des fleurs rouges, qui ont dĂ©sertĂ© le vase pour venir joncher le couvre-lit ? Le cabinet de toilette Bonnard, 1914, Met, New York Ici, pas d’ambiguĂŻtĂ© la femme qui coud sur le lit est bien Marthe, tandis que le chien l’observe avec intĂ©rĂȘt. Moi et le miroir du bar Myself and the Barroom Mirror George Grosz, 1937, Collection privĂ©e Dans cet autoportrait peint lors de son exil en AmĂ©rique, Grosz se reprĂ©sente cernĂ© non par les nazis mais par ses propres dĂ©mons. Sa bouche indistincte est assiĂ©gĂ©e par les plaisirs buccaux fumer pipe, cigares, allumettes et boire tire-bouchon, bouchon, bouteilles de toutes formes et couleurs. Quant Ă  son oeil unique, il se trouve en voie d’occultation par les attributs de la luxure l’éventail et la carte postale. Notons que les trois reflets des bouteilles ne sont pas alignĂ©s vers l’oeil du peintre, mais vers le coin infĂ©rieur droit de la carte postale celui qui regarde la scĂšne se trouve dĂ©jĂ , mĂ©taphoriquement, Ă  terre aux pieds de la danseuse. Ainsi cette autocritique sarcastique se trouve chargĂ©e d’un pouvoir d’anticipation remarquable Grosz mourut en 1959 Ă  Berlin, en tombant ivre en bas d’un escalier. Pour un autre exemple d’autoportrait-collage, voir Orpen scopophile Autoportrait, Duane Bryers, 1939, collection privĂ©e Argent et porcelaine, Allan Douglass Mainds, 1942, collection privĂ©e La mise en valeur du premier plan relĂšgue l’artiste au rang d’objet secondaire. Cet effacement de la personne derriĂšre la somptuositĂ© des matiĂšres va trouver son point culminant chez un autre peintre amĂ©ricain, John Koch. John Koch Autoportrait avec Dora, John Koch, 1953 collection privĂ©e Autoportrait avec fleurs, John Koch, 1961, collection privĂ©e Dans les deux tableaux, ni les angelots dorĂ©s ni le cadre ne sont exactement les mĂȘmes Dans la version de gauche, le reflet de la banane guide le regard de la main qui peint vers la coupe abondante, dissimulant en hors champ du miroir tout l’attirail du peintre il s’agit bien du portait d’un couple, rĂ©uni dans ce cadre baroque qui est la mĂ©taphore de l’appartement new-yorkais dans lequel ils vivent une vie dorĂ©e et brillante. Dans la version de droite, le peintre n’est en couple qu’avec son chevalet, redondĂ© Ă  l’extĂ©rieur dans le prĂ©sentoir aux arabesques complexes. Autoportrait au miroir, John Koch, date inconnue Dans ce troisiĂšme opus, le peintre rĂ©duit Ă  sa tĂȘte se trouve, en compagnie du lustre Ă©teint, situĂ© Ă  la fois entre deux cadres et dans un cadre comme s’il mĂ©ditait sur le paradoxe d’ĂȘtre Ă  la fois non-peint et peint. Self-Portrait with Cockatoo Louise Camille Fenne, 2006, Collection particuliĂšre Le cacatoĂšs avec sa crĂȘte jaune rĂšgne sur la commode et les fruits, enfermant l’artiste et son Ă©ventail de pinceaux dans la cage dorĂ©e du miroir. La boĂźte Ă  peindre de mon pĂšre, Steven J. Levin , 1997, Collection privĂ©e La nature morte prend ici un tour plus intime l’éloignement dans l’espace reproduit l’éloignement dans le temps, mais le miroir, instrument de reproduction fidĂšle, assure la contiguĂŻtĂ© entre le pĂšre et son fils. Portrait de Viridiana Sicart Diez Eduardo Naranjo, 1987, Collection privĂ©e Moi peignant en Juillet le crĂąne d’un chien Yo Pintando en Julio el CrĂĄneo de un Perro Eduardo Naranjo, 1985-1991, Collection privĂ©e Eduardo Naranjo a expĂ©rimentĂ© plusieurs compositions pour ses autoportraits au miroir. A gauche, il se montre comme dĂ©tail dans le reflet de la vitre, le bras tranchĂ© au dessus du coude. A droite, le miroir calĂ© par le crĂąne de chien renvoie une image Ă©galement tronquĂ©e du peintre en cul de jatte. Dans les deux cas, la vitre ou la glace agissent non comme des rĂ©vĂ©lateurs, mais comme des caches, qui dissimulent le plus important l’action mĂȘme de peindre. Charles Pfahl autoportaits au miroir En passant d’une croix Ă  l’autre, l’artiste perd ses bras, puis sa bouche, jusqu’à se rĂ©duire Ă  son seul oeil droit. Ce singulier effet d’auto-crucifixion est simplement obtenu par le reflet Ă  contre-jour du chevalet sur trois miroirs juxtaposĂ©s derriĂšre. Dawn, Middau, Dusk Artist and models Charles Pfahl Dans ce triptyque virtuose, Pfahl Ă©tudie le mĂȘme coin de sa maison sous trois lumiĂšres diffĂ©rentes celle de l’aube, celle de midi et celle du crĂ©puscule. Le peintre et ses modĂšles donnent diffĂ©rents indices de leur prĂ©sence, dans cet entre-deux entre fenĂȘtre et miroir dont le cadrage supprime savamment tout repĂšre spatial. Midi Le cadrage le plus large, celui du panneau central, nous permet de comprendre la disposition de la piĂšce . De gauche Ă  droite un escalier dans lequel on voit la jambe nue d’un modĂšle, un renfoncement avec un mur blanc portant un premier miroir, un pan de lambris, contre lequel est posĂ© un second miroir au cadre dorĂ©, sur le bord supĂ©rieur duquel est posĂ© un voile. Du fond vers l’avant une façade vitrĂ©e avec deux fenĂȘtres la seconde avec balcon, une cloison perpendiculaire, percĂ©e de deux ouvertures, dans l’angle, un ensemble d’objets en verre, dont une boule rĂ©flĂ©chissante, la tĂȘte d’un lit parallĂšle Ă  la cloison, devant lequel on devine un visage endormi plutĂŽt un plĂątre qu’un modĂšle vivant, un coussin de l’autre cĂŽtĂ© du lit, appuyĂ© contre le miroir. Panneau Midi dĂ©tail Les deux autres panneaux font un zoom sur une petite partie du panneau central, Ă  cheval entre les deux miroirs. Aube A l’aube, l’artiste s’est assis de profil, devant la sphĂšre rĂ©flĂ©chissante. Il nous montre son oeil droit dans un petit miroir circulaire. Le nez et les lunettes, dans le miroir Ă  bord dorĂ©, complĂštent le reste du profil que nous rĂ©vĂšle le miroir situĂ© dans le renfoncement. CĂŽtĂ© modĂšles, on voit une main fĂ©minine posĂ©e sur l’épaule droite du peintre. Et on devine dans a boule un nu couchĂ© et un nu debout. CrĂ©puscule Le soir l’artiste, assis dans l’autre sens, se divise entre les deux miroirs. On voit dans le miroir un nu debout tournant le dos au peintre ; et tout en bas, presque Ă  la limite du cadre, les cheveux d’un autre modĂšle allongĂ© sur le lit. A noter que, si l’intĂ©rieur de la piĂšce semble cohĂ©rent entre les trois tableaux, le reflet dans la boule ne l’est pas, de mĂȘme que le paysage vu par la fenĂȘtre comme si la boule s’était posĂ©e dans trois ateliers diffĂ©rents, comme si la maison s’était installĂ©e Ă  trois endroits diffĂ©rents le matin dans une ville ancienne, Ă  midi en pleine campagne et le soir dans une citĂ© moderne. Autoportrait dans un petit miroir rond Sarah Raphael, 1990, Collection particuliĂšre On remarque dans le miroir le haut des tableaux vus Ă  travers une arcade sur lesquels Sarah travaillait Ă  ce moment lĂ . La photographie de droite la montre soumettant un de ces tableaux Ă  l’épreuve du miroir. Le miroir circulaire montre plus que le visage de l’artiste. C’est une sorte de coupe de l’intĂ©rieur de son crĂąne, menacĂ© par le monstre triomphant qui se dresse au dessus symbole des migraines qui l’ont tourmentĂ©e durant toute sa courte existence. La disproportion du noir sur les petites plages de bleu ciel traduit l’intensitĂ© de cet Ă©crasement. Voir la suite L’artiste comme fantĂŽme

Laville de Delft a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans l’Ɠuvre de Pieter de Hooch. Selon une nouvelle Ă©tude placĂ©e sous l’égide du MusĂ©e Prinsenhof de Delft, le climat artistique de la ville, oĂč le peintre s’installe en 1652, a eu une influence dĂ©terminante sur le dĂ©veloppement de ses peintures, aussi singuliĂšres que novatrices.

C’est une exposition Ă©vĂ©nement qui commence demain au Louvre le sphinx de Delft » Johannes Vermeer, s’expose accompagnĂ© de ses acolytes, les maĂźtres de la peinture de genre et qui ont vĂ©cu pendant le siĂšcle d’or hollandais. Ces peintures sont exceptionnelles par leur qualitĂ© et figurent parmi les chefs d’Ɠuvre de l’art en Europe exposition compte entre autres, douze Ɠuvres emblĂ©matiques du maĂźtre parmi les trente-six connues et cherche Ă  dĂ©mythifier l'aura d'un gĂ©nie qu'on imagine seul et reclus face Ă  ses peintures. C'est au contraire l'image d’un Vermeer qui travaille en rĂ©seau et se laisse influencer par ses pairs qui est peintures de scĂšnes de genre connaissent leur Ăąge d’or entre 1650 et 1680. Une foison de tableaux illustre ces activitĂ©s quotidiennes qui sont sublimĂ©es sous les pinceaux de ces peintres contemporains de Vermeer tels que GĂ©rard Dou, Frans van Mieris, Gerard Ter Borch ou encore Pieter de Hooch. Ces artistes connaissaient les Ɠuvres des uns et des autres tout en s’inspirant mutuellement. La rivalitĂ© artistique est mĂȘme assez explicite dans cette recherche esthĂ©tique de la lumiĂšre, de concentration des est prĂ©sentĂ©e sous un angle original celui de mettre en parallĂšle plusieurs scĂšnes de genre de ces artistes comme les lettres amoureuses, les cours de musique, les silhouettes, les enfilades et d’autres scĂšnes d’intĂ©rieur. Elle dĂ©montre Ă©galement que le raffinement et l’élĂ©gance des scĂšnes ne sont pas Ă  la seule initiative de Vermeer mais qu’il a su les magnifier et les mĂ©tamorphoser en y enlevant des Ă©lĂ©ments, en les Ă©purant et en y mettant le sceau si particulier de sa lumiĂšre nimbant ses sujets d’une aura bien cette Ă©mulation et cette virtuositĂ© technique qui est mise en avant avec au centre les Ɠuvres magnifiques de Vermeer, qui a su si bien et plus que les autres, envelopper ces sujets d’un mystĂšre unique devant lequel on ne peut que s’ 22 FĂ©vrier au 22 Mai 2017 La laitiĂšre 1658-1659, huile sur toile , 45 cm sur 41 cm, Rijksmuseum, Amsterdam La cuisiniĂšre hollandaise 1640-1650, huile sur toile, 36 sur 27,4 cm, Louvre, Paris Le gĂ©ographe, 1669, huile sur toile, 51,6 sur 41,4 cm, StĂ€del Museum , Francfort

Concernantles pinceaux, j’ai dĂ©jĂ  Ă©crit un article complet sur le sujet. Je vous laisse le dĂ©couvrir en cliquant ici. Trois points essentiels : ne les laissez pas tremper dans votre solvant pendant toute votre sĂ©ance de peinture, nettoyez les soigneusement en fin de sĂ©ance, rangez-les sans appuyer sur les poils.

Dans la région de Liyue, il existe un lieu magnifique avec de nombreux bassins aux eaux turquoise. Ce lieu c’est le lac Luhua et il renferme un gros trésor. Un personnage Géo est nécessaire pour récupérer le butin final. Par oÃÂč commencer ? Parlez tout d’abord à Vermeer, un peindre itinérant. En cherchant le meilleur point de vue, il a perdu une partie de son matériel. Retrouvez les pinceaux et la peinture de Vermeer ! A l’aide des 2 peintures en couleur fournies par Vermeer, vous devez retrouver les lieux d’oÃÂč il a peint et ainsi retrouver sur place son matériel.  Retournez ensuite rendre ce que vous avez trouvé à Vermeer. Trouvez une autre pierre particuliÚre ! Vermeer vous a donné une pierre en récompense qui semble ÃÂȘtre un Å“il pour l’une des statues. Cherchez dans les bassin d’eau devant les statues le 2e Å“il. Percez le secret du lac Luhua Grimpez sur les épaules de chaque statue afin d’insérer la pierre dans leur tÃÂȘte. Le trésor est proche ! L’activation des 2 pierres libÚre un totem Géo entre les deux statues. Activez le pour déclencher un défi durant lequel vous devrez vaincre 3 mages un Pyro, un Cryo et un Hydro en 90 secondes. Une fois terminé, la grille se lÚve et vous pouvez récupérer les trésors. Attention aux araignées qui vous attaquent Bonus Si vous avez vaincu Stormterror, retournez voir Vermeer qui est sur l’un des points de vue voir image ci-dessous pour obtenir un succÚs ! PqHA. 91 249 81 1 129 252 435 7 129

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